Les
ingrédients :
Ce coup là, tu sors le grand jeu. La tarte i niôle s’agirait pas de la
mener nulle part. Alors, tu le fais sortir ton bonheur d’avoir l’occasion de
savourer des choses comme celles là. Des choses simples que les dollars
n’achètent pas et qui ne se servent pas sur les tables de la France d’en-haut.
Du coup, tu t’assois. Tu réfléchis à ta chance de n’être pressé par rien ni
personne aujourd’hui. Tu t’y prépares doucement à cette tempête citronnée qui
va parcourir tes papilles. Surtout, tu te souviens qu’Oblivion du génial Di Méola dure plus de six minutes et que c’est
une éternité de bien-être qui s’en exhale, un peu comme cette dernière
inspiration qui précède l’assoupissement sous un citronnier en fleur…
Tu sors donc un fond de tarte brisée (la recette est sur tous les paquets
de farine, mais finalement les pâtes toutes prêtes ne sont pas si mauvaises et
valent surtout pour ce qu’on leurs met dessus). Tu choisis 4 œufs sous le cul
d’une poule joviale et tu cueilles les 4 citrons qui sont à portée de
ta main au sortir de ta sieste. Inutile d’aller jusqu’en Afrique récolter ta
canne, 150 grammes de cassonade Saint Louis sucreront ta tarte à
merveille. Pour la brousse, tu prendras celle du Rove si tu as le privilège
d’habiter la cité phocéenne (400 grammes) ou autant de brocciu du maquis corse
si la belle île t’héberge. Il te restera à négocier une grosse
cuillère à soupe de cette acquavita dont la mère Rénucci croyait garder
secrètement les bouteilles au fond de son armoire du 2ème étage du
62 boulevard Bompard de Marseille, dans un secret si généreux que tout
l’immeuble avait fini par y goûter ; faute d’y parvenir, toute eau-de-vie
de marc de raisin ou de prune trouvée sur ton chemin nous comblera.
La
préparation :
Tu lances Al Di Méola et à partir de là tu as six minutes … Tout de suite
tu mets deux œufs entiers dans un saladier, les jaunes seulement des deux
autres et tout ton sucre. En trente secondes d’un battement rythmé tu as
mélangé le tout, en ajoutant le jus de tes citrons et le zeste râpé d’au-moins
une peau de citron entier, et puis la brousse et puis l’acquavita … Et tout
s’est mêlé, marié et redéfini dans une osmose harmonieuse : c’est le début
de ton Oblivion de fin de repas.
Quand tu as graissé ton moule à tarte et que tu y as étalée ta pâte, tu la remplis du
contenu de ton saladier. Tu mets le tout au four à 160° pendant 35 à 40
minutes. Là tu peux aller prendre l’air ou pêcher quelques oursins pendant une
demi-heure au plus ; mais si la tarte i niôle n’est pas dorée au bout
d’une demi-heure ce qui suppose que tu sois revenu pour jeter un œil sur le
four, c’est que ce dernier est un peu flemmard et qu’il va falloir le pousser
en position grill (où tu surveilles ta tarte comme le lait sur le feu).
La
consommation :
Pas
difficile d’avaler de la tarte i niôle, mais pour un seul homme une tarte
entière est tout de même un met plutôt riche. Donc, tu vas (encore)
partager, sachant que personne ne se forcera pour t’accompagner. Je te conseille
même de faire ton invite, puis de t’en régaler au son de Lifeline de Ben Harper and the Innocent Criminals ; tu ne le
regretteras pas. C’est sûr, c’est certain …
Les auteurs intéressés par ce
projet peuvent d'ores et déjà faire parvenir leurs recettes par un
simple courriel à cette adresse
32762010d5accdc6@typepad.com
en
indiquant impérativement dans l'objet du message le titre de la
recette suivi de "par + prénom + nom" ( exemple: Le ventre à la menthe
par Jean-Paul Ceccaldi).