Bonjour Ugo ! Je ne te dérange pas ? Tu faisais quoi ?
- Si, justement ! Je suis en train de répondre au questionnaire de Martine Rousset.
Au
fait, tu préfères que l’on t’appelle Ugo Crozier ou Jean Pandolfi ? Tu
peux dire ce que tu veux, de toute façon, je continuerai à t’appeler
Ugo… Ok Jean ?
- Aucune importance. Cela fait plusieurs décennies que je réponds aux deux noms qui figurent sur mes papiers d'identité.
Ugo,
nous nous sommes rencontrés pendant l’été 2007 aux journées du livre à
Barrettali où tu signais ton dernier exemplaire de Sherlock Holmes…
Depuis, tu as sorti un nouveau bouquin, tu m’en parles ?
-
Difficile de parler de soi. Simplement " Du texte clos à la menace
infinie ", c'est son titre, a été classé dans les " crimes de l'année "
pour 2008 retenus par la Bibliothèque des Littératures Policières de la
ville de Paris.
Des projets en cours d'écriture ?
-
" La Grognasse et le Jacobin " est en chantier. C'est un polar bien sûr
: une nouvelle enquête du Commissaire Clément Rossetti. Je travaille
également, en collaboration avec mon ami John Rigobertson, sur un
quatrième polar pour lequel l'attente s'impose. D'autant plus que nous
l'avons intitulé " Waiting Island ".
Hormis l’écriture, de quoi les heures de vie d'Ugo Pandolfi sont-elles faites ? En gros… Mais tu as le droit à un joker…
- Comme pour tout le monde : de 60 minutes. Ce qui est très court. Bien trop court à mon avis.
Une couleur, un style de musique, un livre, un animal ?
- Rouge japon, Bill Evans, le pianiste, un roman de René Réouven, le chat et tous ses copains, chiens compris.
Dis Ugo, quand tu te lèves le matin, quelle est la première chose que tu fais ?
- Juste avant le café ? Nourrir les chats.
Fais un vœu, là, maintenant !
- Ridley Scott veut absolument acheter les droits de mon prochain polar.
Wow ! C'est vrai ?
-
Pas vraiment. Robert Redford m'a téléphoné juste avant. En même temps,
Georges Clooney insiste beaucoup lui aussi. On peut rêver non ?
Quartier libre… dis ce que tu veux !
- Sur Ségoléne ou sur Sarkozy ?
Ah non ! Pas eux ! Ou alors, passe à la question suivante...
- Bon d'accord.
Et maintenant, dis-moi quelque chose de méchant…
- Pour qui ?
Là, tu peux...
- Il y a comme qui dirait un isomorphisme. Je trouve qu'ils se ressemblent de plus en plus. En duo, au Zénith, je les vois bien.
Des mots qui te font rigoler ?
- Pingouine, lapin, goguette, ciboule, malin, bisous, hiboux, gargote, belette...
Des mots que tu trouves laids ?
-
Chômage, précarité, exclus, flexisécurité, gouvernance... Tous les mots
de la " novlangue " néo-libérale. Des mots qui sont laids parce qu'ils
mentent. Ils sont malhonnêtes. Ils détournent, masquent les réalités.
Des mots dont tu aimes la résonance ?
-
Glycine, sittelle, merle, accastillage, manille, varlope, truelle. Tous
les noms d'oiseaux , tous les mots de la marine à voile et tous les
mots des métiers et du travail.
Une dernière question… quand tu te couches, quelle est la dernière chose que tu fais ?
-
Cela dépend avec qui ! Non, plus sérieusement, c'est une question à
laquelle il est très difficile de répondre de manière honnête et
sincère. Je crois, en effet, que nos comportements au moment du coucher
relèvent de nos angoisses les plus profondes. Ce n'est pas pour rien
qu'il faut raconter des histoires aux enfants à l'heure du coucher.
Certains craignent même l'extinction des lumières à cet instant. Là,
nos comportements sont certainement les révélateurs de nos peurs les
plus anciennes et, sans doute, de nos attentes les plus secrètes. Ta
question n'est pas du tout indiscrète : elle est anthropologique. A mon
sens, elle a un lien avec la mort. Terriblement complexe donc. Comment
te répondre ? Simplement d'abord : un peu de lecture, toujours, en
préliminaire. D'une autre manière, par un passage de mon dernier polar
concernant le comportement de l'un de mes personnages :
" Ce
matin-là il relut à nouveau le passage du traité du jardin sur lequel
il s'était endormi la veille. Yuanye, écrit par le peintre et poète
chinois Ji Cheng était un ouvrage unique, publié en 1634, exclusivement
consacré à l'art du jardin. (...) Antoine Desanti aimait Ji Cheng parce
qu'il aimait voluptueusement le calme, l'harmonie et la paix. Ses
lectures du traité du jardin lui étaient indispensables parce qu'il
passait sa vie à traiter des textes de menaces, de violences et de
mort. "
A+ Ugo ! Merci !