Chirurgien ophtalmologue de profession, Giorgio Todde exerce à Cagliari, en Sardaigne, où il est né. Il écrit depuis l'age de vingt ans. Tous les jours.
«Enfant, lorsque, en vacances, je regardais un coucher de
soleil, j'étais pris immédiatement à la gorge par l'angoisse la
plus douloureuse. J'ai compris plus tard que c'était mon rapport
avec la mort, la perte du corps qui était en jeu. Et c'est encore
comme ça, même si maintenant je vais mieux. Le paysage est tout
pour moi, parce qu'il est, après le mamelon maternel, la deuxième
attache identitaire. Le reste vient après. Je suis pessimiste, car
les êtres humains s'habituent à tout, aux banlieues les plus dures,
aux camps de concentration, aux dépaysements les plus inhumains. Un
peuple qui sauve son fromage de brebis et détruit le paysage est un
peuple qui mérite de disparaître. Dans mes romans, je ne décris
jamais le paysage, parce que, j'en suis convaincu, on ne peut pas
le faire. Tu peux parler de ce qu'on ressent, mais notre langue n'a
pas les moyens de rendre ce qu'on voit. Le paysage nous englobe et
nous repousse à la fois, nous laissant anéantis sur son seuil,
comme vidés de notre propre substance humaine.»
(citation extraite de l'article de Jean-Baptiste Marongiu, Les mains sardes, in Libération du 22 février 2007)