Quelles raisons vous font revenir vers la Corse où tous vos livres ont été édités ?
A.Shleifer: Pourquoi
la Corse ? Parce que j'ai découvert ce lieu magique en voyage de noce.
Depuis j'y habite une grande partie de l'année entre deux voyages. Mon
fils a épousé une petite corse....Donc que de merveilleuses raisons de
venir y écrire et y peindre. Je suis très sensible aux senteurs de
cette île ; je les ai cherchées partout ailleurs, en vain. Et puis il y
a les amis, si importants... Taïwan a été une parenthèse qui a duré
environ 18 mois. J'y étais invitée entre autres au village d'artistes
de Taipei, la librairie française m'a réservée un accueil touchant
(d'ailleurs la directrice et la propriétaire sont venues en vacances en
Corse l'été 2006 car elles étaient impatientes de voir ce que je leur
en avais dit et surtout écrit !).
Vous êtes artiste peintre et donc je m’autorise à penser que les
couleurs ont de l’importance même dans vos romans. Alors , quels
pigments de rouge ont teinté votre imagination dans votre dernier roman
" Le Bar rouge " ?
A.Shleifer:
Evidemment les couleurs sont un langage à part entière dans mes livres;
Dans le Bar rouge j'ai sciemment voulu cette couleur "rouge". D'une
part parce que le rouge est la couleur de la fête, du bonheur pour les
chinois et d'autre part c'est la couleur de la passion. Une troisième
raison : je parle d'un Rubens au début or ce qui caractérise la
sensualité de ce maître c'est son fameux rouge qui rendait les lèvres
de ses modèles si vivantes. Il la posait en touche sur la chair pour
donner cette vie. Ce livre parle donc de vie, de passion et de
découverte.
Votre ouvrage
commence comme un thriller. Le trafic d’œuvre d’art apparaît comme un
prétexte à une errance initiatique. L’art , comme le rouge, est présent
dans tout le récit. Florence quitte une société européenne avec ses
rapports freudiens et au bout de son voyage, vit une rencontre
difficile avec une société chinoise ignorante de Freud, avec ses
propres codes indéchiffrables. Avez-vous ressenti ce choc des cultures
aussi intensément que le vit votre héroïne ?
A.Shleifer: L'art
étant une quête permanente (des questions souvent aux réponses
incertaines) qui nécessite de se mettre constamment en péril en abîme.
Or le voyage vers une culture différente vous renvoie à vos propres
questions, à une recherche de l'autre sans lunettes occultantes et sans
à priori. En tentant de décoder l'autre on s'approche mieux de soi même.
Avez-vous de nouveaux projets artistiques ou littéraires, de nouvelles errances en perspectives ?
A.Shleifer:Actuellement
je travaille à un nouvel ouvrage dans lequel pour la première fois il
ne sera pas question d'art. Le voyage bien entendu sera également un
personnage du livre. Après avoir travaillé et montré des toiles sur le
thème des "ex voto", je vais décliner cette approche. J'ai un projet
d'une exposition de photos sur le thème des traces, des fêlures et du
passage.... J'attends actuellement la réponse : le lieu fait rêver....
Le Bar Rouge est un lieu très à la mode à Shanghaï. Les lieux décrits
existent réellement.
Entretien publié dans le site Ile noire de Jean-Paul Ceccaldi
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