Balais vulgaires
Balais commères
Balais sorcières
Balais naguère
Balais pervers
Balais parterre
Balais d'enfer
Les balais, petits personnages qui virevoltent le long des
venelles, des ruelles, épuisés de gommer à l'infini les traces de vie, de les pousser
dans le caniveau sans espoir de voir leur labeur un jour achevé.
Ils estompent en dansant, sur le bas du pavé, taches et déchets
humains.
Balais Taxi, appuyés sur le mur, neufs et clairs ils attendent
qu'on les prenne, qu'on les essore avant d'être rejeté après usage.
Ils sont deux, parfois trois, serrés, appuyés l'un contre l'autre
sur le tronc d'un arbre toujours prêts à servir, à sourire.
Témoins des saisons qui passent, leurs poils devenus gris et
sales, on les remplace par des lanières de couleurs moins dociles aux
mouvements las du balayeur chinois.
Ils colportent la chanson de Shanghai de rue en rue, de porte en
porte.
L'intégralité de la chronique d'Arlette Shleifer