Michel Moretti, notre ghroniqueur en chef, s'en est allé voir ailleurs

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Depuis sa première Mal chronique, en février 2008, à sa toute récente Macron nique, rédigée le 9 avril dernier, Michel Moretti n'a jamais cessé d'être ici, dix ans durant, l'aiguillon gouailleur et décapant dont nos temps obscurs ont tant besoin.

Son talent scalpel, son humour terrible, sa langue piquante, son regard de  fourcheur truculent, amoureux des abeilles et des chats et des chiens et des fleurs, vont nous manquer, cruellement. Terriblement. 

Michel Moretti, notre ami précieux, est décédé ce 3 mai 2018 à Payzac dans le Périgord vert.

Ses obsèques ont lieu le lundi 7 mai 2018 à Périgueux.

AAARRGGGHHHH…on a envie de crier comme dans tes titres qui, toujours, faisaient mouche.

T’inquiètes, enfoiré, on ne laissera jamais reposer en paix tes cendres sous ton cerisier.

Nous allons te lire et te relire : tes Mal Chroniques, tes Normal Chroniques et ton polar philosophique aussi, U cosu. Un morceau de bravoure comme une fantasia chez les Corse que tu nous a offert en 2009 en exclusivité. 

Il y a du Charles Williams chez Michel Moretti avait écrit l'une des fidèles lectrices de ton giallu filosoficu.

Croâ nous, Michel, nous n'avons pas fini d'être ensemble.


bercy patron... macron nique ! par Michel Moretti *

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Sûr que le macron nique, ma chronique... mal chronique... normal chronique... macron nique ! Ah ! Cruel choix ! Oh ! Funeste destin ! In culus ! Bouse pas ! Comment en étron arrivez-las ?

J'avions voté pou'l'gamin pacequ'j'voulions pas que la gravosse ou le lourdingue y fassent chier ! et dès lors c'est c'te p'tit con qui fait chier, et pas qu'un peu ! Ca beau être le printemps, j'déprime.

C'te bec jaune me pique mon fric. Faut solidariser, y dit. Des queues, touche mon flouz ! C'est pas la grande fortune, c'est pas l'isf, c'est juste du normal, et ben il me le pique ce bâtard ! Et en plus, y m'dit "t'es qu'un vieux con pas productif qui sert pu à rien". C'est vrai que je serre pu grand'chose, mais j'aime pas con me le serve et puis j'y tiens à mon oseille, j'l'ai gagnée, faut que je nourrisse ma meuf, nourrice mes chats... face de rat, ce mec, et sa greluche qui se déguise en chique.

Le manu c'est un manuel, inspecteur des finances, y sait faire que ça, piquer le blé ! Leçons de papa attali, ratisser les fouilles du péquin ! Remplir celles de l'avenue Fauche ! Du bonneteau fiscal dont tu sors à poil.

Et puis y fait chier sur tout le reste, j'avais presque réussi à freiner à 90, l'enfoiré me rend dangereux à 80 ! Sûr qu'à 50, ça donne moins de morts, et que si on roule pu on sera tous vivants ! Faut revenir aux sources : 5 km/h et un drapeau rouge devant. Et puis les emplois aidés sucrés... 

Je prends pas souvent le train, j'ai fréquenté autrefois les lignes de banlieue, gamin, chaque matin, j'ai entendu mon père ce lever tôt "pour pas rater le train", j'ai tout fait pour éviter ça... et la "réforme" passe par casser le personnel, le "statut"... C'qu'est bien chez le macron, c'est qu'y a rien de nouveau ! Ce mec est un petit vieux, étroit, crispé, usé et stérile ! Et ça se voit ! Triste et tragique.

Sinon, même le printemps est macronique, froid, vieux et laborieux, heureusement éclairci par des amis italiens, des recettes d'herbes sauvages, de pasta à la main contre hypocras (vin blanc miel gingembre cannelle piment clou de girofle...), et  si Follette pose devant les fleurs du cerisier, le Minou s'est fait mordre la queue et  l'adorable Véto s'évertue à le sauver... je me laisse faire, je suis comme jaloux !

 

* C'est pas qu'il nous avait  abandonnés, notre ghroniqueur en chef. Mais depuis juin 2017, il était comme qui dirait en abstination, en grève de ponte d’œufs durs pas perlée. C'est dire si, telle une bergère simplette recevant un SMS signé Marie, nous sommes heureux de ce retour graveleux.Merci Michel et câlins aux griffus(e)s.(NDLR)


Maqueron , la private joke de Michel Moretti

Chat yeux
Après Mal Chronique sous sarko, Normal Chronique sous monfrançois, il risque d'advenir Macron Nique... mais c'est encore un peu tôt. Le macron a l'air de se tenir, il apprend vite, il a du bagage, il pratique la poigne de maquignon, bref il donne envie d'essayer.

Ainsi je votai maqueron (comme on dit ici) au premier tour par anti-méluche - t'imagines un face à face méluche-le pen ? - puis je revotai remaqueron au deuxième tour parce que quand t'as pas le choix, t'as pas le choix ! Et je suis pas le seul, alors l'adhésion, faudra me la fignoler vite fait après-vente.

En fait, on a eu des soucis avec le ouaibemasteur qui s'est choppé une mélenchonite. Certes il était prédisposé, un chouia coco, en grattant tu trouvais du stal sous la couche mao repeinte libertaire. C'est vrai que quand t'as pas le pouvoir, tu refoules, tu composes, tu t'adaptes. Et puis franchement, c'était un mec sympa, tu te serais jamais douté... Dès que le méluche a commencé à pérorer face aux tables de bistrot, il s'est transfiguré, il a commencé à relayer la parole de l'illuminé, il a saturé le ouaibe. Un jour, il nous a dit texto :"écoutez l'intelligence de ce mec !". Là on s'est inquiétés grave : putain, le ouaibemasteur a viré sectaire, il est touché, contaminé, il va nous faire une diarrhée mélencolique. On lui a dit,  il l'a mal pris, aveuglé par le virus mélenchien, il nous a fait du dénie (cotine, le plus aigu). Heureusement qu'il était bien entouré, on a mis le meilleur de nous-même, la force de notre amitié, notre volonté de le sauver malgré lui et grâce à notre vigilance, notre patience, notre savoir-faire, notre abnégation, grâce aussi à edwy plenel, on a su jouer des quelques traces furtives de lucidité qui lui restaient pour lui faire recouvrer le chemin du salut les copains : il a voté macron au deuxième tour ! Il reste fragile, cette salopette de mélenchonite laisse des séquelles. Après analyse, l'élément déclencheur semble se situer au niveau des tables de bistrot avec transfert sur le tenancier... Reste à revaloriser le diabolo-menthe de l'enfance pour réinitialiser le mental du masteur. Du délicat, c'est pas gagné !

Localement on est passé du méluche à la gravosse qui a fait plus de 40%. Pourtant ici on a pas vu d'arabe depuis charles martel, même les anglais font leur valise. Ca vit de la sécu entre hosto et soins à domicile, ça dégrève des impôts la coupe de la forêt, son entretien, son reboisement, ça palpe pour le maïs grêlé, le pommier gelé, le gîte retapé, la porcherie isolée, ça grogne, ça râle, ça extermine le renard...

Bref, on a vécu des heures difficiles entre l'écroulement du fillon, la liquéfaction du hamon, l'éructation de la gravosse, la gonflette du méluche, la glissade du ducon-saignant... plus de 40% d'électeurs exprimant leur disposition à tenter du totalitaire ou de l'hasardeux. Pourtant même si macron - qui est allé aux écoles - c'est plutôt moindre mal, ça reste du second choix !

Sinon, tout ce qui était en fleurs ou en chatons a gelé : fraisiers, cerisiers, pommiers, noyers... aucun fruit ! A chialer ! Y a des moments où ça craint.  Y a aussi des remèdes comme "le cimetière des chimères" -le titre est opportun- d'Elena Piacentini, une histoire corsée, glacée et compliquée, menée à coup de chapitres courts et clairs dans une Lille hivernale, réchauffée par Pierre-Arsène et mémé Angèle, chouette polar qu'on lit au coin du feu ou sous la canicule pour se rafraîchir, du bonheur ! " A vita è un'affaciata di portellu...", la vie est fugace comme un regard à la fenêtre, une rencontre au portail... Et je me lis, relis San-Antonio, collection bouquin, ça glisse comme du rouquin.

NDLR : toute ressemblance...


Mélenchonia par Michel Moretti (qui est toujours en liberté)

 NDLR

Avis aux lecteurs de cette irréparable ghronique : le programme L'Avenir en commun  et l'idée d'une nouvelle Constitution, on aime bien dans ce blog.

Par contre, notre ami Michel voit rouge quand on lui  parle de Jean-Luc Mélenchon. On vous le laisse, notre ghroniqueur, encore un peu en liberté...

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"Yu tube ? Tubaï !" remplace notre désuet "ça va". Voici déjà un an que notre beau pays rejetait dans les ténèbres le nom entaché de soumission germanique de "France" pour celui de "Mélenchonia" avec nos 4 devises : "l'Humain d'abord; l'humus ensuite", "Faites l'Hammous, pas la guerre", "l'Avenir est devant" et "un Hologramme ça va, 2 bonjour les dégâts de la marine".

Inutile de rappeler la Glorieuse Election de notre Lidère Maximo avec 98.7% des voix suite à la disparition aussi soudaine que totale des autres candidats. Le vote à l'unanimité pour la Nouvelle Constitution qui eut lieu la semaine suivante posa le fondement de notre Régime Actuel fondé sur l'adhésion sans réserve des Insoumis à notre Guide Chéri, Mélenchon Un, Que ton Nom soit Honoré.  

Notre paysage mental s'ouvre désormais sur les Horizons Nouveaux. Le Mercredi a remplacé le superstitieux dimanche, en hommage à la vocation professorale de notre Maître Rebelle. Les initiales "PLP", "Pour le Peuple", signifiaient  à l'origine Prof de Lycée Professionnel, elles ornent les frontons des édifices publics et il n'est pas interdit au particulier de faire de même (ce qu'il s'empresse de faire). Ainsi le Mercredi est chômdû.

Le peuple uniformément vêtu d'une stricte veste mao bleu foncé s'attable, en terrasse, partout dans les ci-devant églises autour de tables de bistrot et assiste de 9h à 12h à l'apparition de l'Orgasmique Hologramme du Président Inspiré, il vient Omniprésent nous délivrer la Parole Attendue. La consommation est obligatoire, les profits alimentent directement la Caisse Supérieure dans un mouvement aussi spontané que généreux. Adieu les impôts injustes, place à l'un Pot du Mercredi.

Puis après un frugal repas pris à la cantine contre une modeste participation équivalente à une semaine d'activité, le Peuple Uni participe au Vivre Ensemble qui consiste à déambuler dans le centre des villes, bourgs et villages, bras dessus bras dessous, main dans la main. Les banques, fermées depuis l'Election, exposent les banquiers suppliciés, les enfants au passage ne manquent pas de leur planter quelque pointe malicieuse dans les membres ou les parties. Les autres magasins ont disparu depuis longtemps avec la désertification des centres villes.  On affiche la plus grande bonne humeur, la joie, sous l'œil infaillible des caméras. Il est vrai qu'un air triste peut signifier un désaveu de la Politique Bienveillante du Pédagogue Suprême et entrainer une disparition précoce. On se marre jusqu'à 19h, jusqu'au couvre-feu. Il arrive aussi que la Parole se poursuive jusqu'à pas d'heure et repousse d'autant le dit couvre-feu...

Les autres jours du Decadi, on est revenu à la semaine de 10 jours, on s'active. Le nom maudit de "travail" est banni, l'Activité n'est-elle pas le propre de l'Humain ? Au chacun-pour-soi succède le Dévouement Total. Certes la rétribution et la redistribution des quelques biens produits restent aléatoires, rares même. "Rome ne s'est pas faite en un jour" aime à rappeler le Coordinateur des Coordinateurs. Les Centres de Bien-Etre installés dans les ex-hypermarchés de triste mémoire dégagent de vastes espaces libres de marchandises inutiles, occupés par des files de Citoyens Insoumis attendant civiquement leur nourriture et quelque objet comme une chaussure droite ou gauche. Ceux qui défaillent sont fermement priés de donner leurs tickets par solidarité au suivant et de rentrer chez eux. Le moral est à ce prix.

A l'étranger, notre coopération avec la Corée du Nord ne nous apporte que du bonheur. L'alimentation entièrement végétalisée est plus saine. La devise "l'Humain d'abord, l'humus ensuite" nous rappelle que l'Homme dépend du sol et qu'il y retournera. Notre Maître, n'a t-il pas choisi d'ajouter "Un", Que ton Nom soit Glorifié, à son Patronyme, Que ton Nom soit Encensé, en hommage à son Frère coréen.

"Faites l'Hammous, pas la guerre" célèbre les choix alimentaires décisifs effectués en août 2016 par le Candidat Intrépide Autoproclamé auquel nous devons notre sveltesse. Il rappelle aussi le pacifisme d'un Etat désarmé.

"L'Avenir est devant Nous" est certainement la devise essentielle de notre Corps Sociétal, elle indique la direction à suivre, la volonté d'aller de l'avant sans se retourner sur les affres et les tentations coupables du passé.

"Un hologramme ça va, 2 bonjour les dégâts de la marine..." est plus difficile à expliquer. Sa genèse est tardive dans l'éclosion de la Pensée Mélenchonienne, Que ton Nom soit Momifié, elle signifie d'abord l'Unicité et l'Omniprésence Hologrammatique. Imagine que les hologrammes soient divers. Impensable ! Quant au "2 bonjour les dégâts", il confirme ce qui précède et fait allusion à un slogan antialcoolique, il ne faut pas abuser de l'hologramme, un est nécessaire et suffisant. "...de la marine..." au delà du calembour, il faut y voir les traces de la peur qu'avait suscitée celle... mais point de passé ! Un Humour Subtile.

A l'étranger toujours, nous venons d'apprendre que notre Mémoire Fidèle a offert un hologramme de l'Immense Chavez au Vénézuela. Celui du Maximo Castro ne saurait tarder dès que l'électricité sera rétablie.

A noter qu'on n'entend plus ces rumeurs malveillantes  mentionnant des origines interlopes (tanger), sinon espagnoles, pire siciliennes de PHH (Pur Humain Hexagonal), Que son Nom soit National. C'était au temps où nous quittions l'Europe pour mettre fin à la "contaminacion"... Plus que jamais, "l'Avenir est devant Nous" !


La chronique de Michel Moretti : ça trump énormément !

MM DR
On sentait  bien que ça régressait, maintenant on en est sûr !

Ce bon vieux fond wasp, exterminateur de bisons et d'indiens, lyncheur de négros, chasseur de latinos a enfin triomphé. Un gang de milliardaires au pouvoir, enfin ! Would you believe ? A posteriori, l'élection d'Obama, Barack et Hussein, était nettement moins probable. Go west mad mad mad mad world, docteur folamour te guide ...

Et puis, l'axe trumpoutine promet un avenir radieux à la démocratie. Les orban, erdogan, kaczinsky, loukachenko, assad... pour ne citer que les plus proches, jubilent. On peut avoir quelqu'inquiétude sur le climat à venir. Que l'anglais largue la voile ne me chagrine guère, qui se souvient de cameron ? L'anglais ne m'a jamais brexcité, sauf jadis quelques anglaises du côté de Ramsgate dont je conserve les émois en moi.

Chez nous nostrale, on mijote la lepen, une nébuleuse facho. Et c'est pas avec du mélenchon castré, du macron égosillé, du vals enfariné qu'on peut se regonfler  les morals, pas plus avec des miettes  de montebourg-hamon, du sous-vide, déchets de la machine à perdre. Seule consolation de cette bouillie médiatique, l'éviction du sarko.  Gâchée par le triomphe du fillon, triste chouan choisi par 3 millions de primaires et gris. LR de rien.

Monfrançois a jeté l'éponge. Il est possible qu'on le regrette un jour, après les oublis. En attendant on peut difficilement faire plus gaffeur, plus vaseusement à gauche. La navigation à vue fait qu'on se perd soi-même et que les plus proches décrochent. Il eut fallu réfléchir davantage à ce qu'on allait faire d'un pouvoir qu'on avait de la commune au sénat ! Espoir devenu autruche, fesse en l'air, tête dans le sable. Magari, hollande est un avatar de zébulon ! A suivre !

Le tout coiffé par les naufrages syrien et iraquien. La destruction d'Alep et du Yémen, deux joyaux du monde arabe. Un monde qui sombre dans l'autodestruction. Sans parler de terrorisme, les manifestations ostensibles de conformisme à l'islam, voiles, barbes, rayons de bouffe halal... relèvent d'une quête identitaire réac et provocatrice, surenchère totalitaire et nihiliste . Ca fait franchement chier ! Ca donne pas envie . Ca engraisse les extrêmes-droites. on est loin des odalisques d'Ingres, des bédouins de Delacroix. Rêve d'orient devenu cauchemar. Zoubeida, où es-tu ?

Quelques bouquins clés :

  • ai relu les "mille et une nuits", traduction de Miquel et Ben Cheikh (extra !) en 3 tomes : le premier flirte avec Shéhérazade, galamment, les 2ème et 3ème conduisent au jihad et à cet imaginaire fanatique finalement actuel... aucun commentateur n'a mentionné les "nuits".
  • "l'amérique défaite" de Georges Packer, prix Pulitzer, explique à travers une série de portraits la déconfiture du réseau économique local, la désindustrialisation, l'évanouissement du rêve américain. Autant de frustrations utilisées par trump. Ou comment se faire baiser... Par bien des points, c'est pas étranger à la désertification d'ici. Le problème, c'est pas l'arabe.
  • tu peux continuer par "terres de sang" de Thimoty Snyder dans le genre pas rigolo. Tu apprendras comment ont été déplacées les populations d'Europe centrale entre hitler et staline et donc le pourquoi de quelques allergies aux migrations récentes.  
  • on peut aussi voir au ciné "wajdja" d'Haifaa al Mansour et "le procès de Viviane Amsalem" avec Ronit Elkabetz, portraits de femmes/fille saoudienne et israélienne si proches, que j'aime. C'est par là que le monde vit et meure, loin des trumpitudes.

 Ce Sidi, je te la souhaite bonne et vigoureuse. On a vachement intérêt à déguster la paix, on en néglige le goût ! A Alep aussi y avait du savon, du vin, du jasmin, des loukoums à la rose et de vaillantes alépines.

On peut aussi réviser son Gotlib qui a eu l'idée saugrenue de vieillir et de mourir, nobody's perfect. Queue le christ te masse ! 


Je t'écris d'un pays ami par Michel Moretti

MM DR
Je viens de passer par Talamone, provincia di Grosseto, c'est un mignon petit repère de pirates mauresques face au Giglio, île qui s'y connaît en naufrage. Avec en fond d'horizon les sommets de cette Corse mystérieuse, si attirante qui fascinait les jeunes têtes de maure désoccupés. Les plus fous émigraient, ils enfourchaient une planche et du "bagno delle donne", ancien camp de captives chrétiennes,  gagnaient ledit paradis corse. Peu y arrivait, on les nommait alors les talamoni. Il arrivait que l'un ou l'autre, traumatisé par l'épreuve, souffrit d'une corsitude exaspérante que nulle herbe même endogène ne guérissait, hélas.

Par contre, j'ai pas pu retourner à Saint-Siméon pour cause de daeschité, shit ! C'est en effet à deux pas d'Alep. Saint Siméon vécut à Saint-Siméon par force. Enfant,  dès le Vème siècle, il voulait rejoindre les Corses, ce que ses parents lui interdirent, inquiets de cette radicalisation précoce. En réaction, Siméon se sanctifia en grimpant sur une colonne pour défendre ses "frères" prisonniers de leur île (disait-il). Au fur et à mesure des ans  la vénération crût comme la colonne qui atteignit la vingtaine de mètres verticaux et trois de diamètre. A sa base on creusa une rigole, par pour rire mais pour recueillir les immondices et déjections du Saint perché. Ses adorateurs s'en emparaient et les vendaient fort cher aux crédules périphériques. "Qu'est-ce ? de l'étron de Saint Siméon !". Dès lors, la question identitaire traversa les siècles  et les mers.

Un fois, le descendant de l'Emigré rencontra l'héritier du Saint. Ils firent Alliance. Avec pour Credo : Tu chi sei ? Sei di qui ? T'es qui toi ? T'es d'ici ? (kitetoa tedissi en thaïtien).

Il m'arrive aussi de suivre le playtime de tati, tatichef, chef de la cab, taxidriver, iznogoud laborieux parmi les politicchinels, trahisons, coups de menton de gueule dont on attend un corneille ou un chatquiexpire qui saura magnifier les tragiques communiqués d'une prudente presse. Que dire des divagations des bennes à ordures de décharge en décharge bloquée, des bateaux au large de ports fermés, des baptêmes rocc'n roll de sncm en maritima (à propos marittima ça prend 2t, comme tatti), des délices des jardins de l'empereur, des triomphes footebalistiques, des petits meurtres entre voisins...

Che miseria ! Toutefois rien que le génie ordinaire d'un peuple ne puisse résoudre. Evidemment c'est plus simple de crier sans vergogne  "Vive Moi !" ou - ce qui est déjà plus compliqué - "Vive Nous !" . Si ça règle rien, ça saoule.

Sinon ça va, j'ose pas imaginer que 2016 soit pire que 2015. Je te la souhaite belle bonne et vigoureuse. Pace è salute, que les dieux nous fichent la paix !


Cabu, ton beauf ...par Michel Moretti

MM DR
Voilà que parmi les virus qui touchent la langue parlée, le "voilà" prolifère, ponctue la phrase, interjecte au hasard de la respiration, évacue la fin de la pensée, voilà. Il suffit d'y prêter attention et pis voilà on en débusque partout des "voilà".

Et v'là une sacrée catastrophe que ce maudit copilote. En Allemagne, on produit de belles bagnoles, on fait dans le sérieux, le propre, on donne volontiers la leçon, on y fabrique aussi de sacrés monstres. Les géraniums obligatoires ornant les balcons et les fenêtres de ces germanies nommées en lettres gothiques me malaisent. Décor figé, terminé d'une esthétique conformiste, totalitaire. Le petit hitler le peignait, il en tira sa supériorité névrotique. Intoxiqués au géranium, voilà !

En v'là bien du souci avec ces élections. Confier la santé, la protection sociale, l'éducation au front national... en voilà une idée ? Et voilà pourtant ce qu'étaient prêts à faire une tripotée de nos cons citoyens qui ignorent tout des compétences des Conseils départementaux. Tiens, voilà un tract de binôme con sait pas qui c'est, au verso un programme calqué démago-national. Et voilà que ça marche, ça défoule paraît-il.

Mais voilà, beaucoup sont amnésiques de l'origine de ce parti imposteur, dans la ligne de barrès, maurras, du régime de vichy et sa révolution nationale, usurpant le nom du mouvement communiste de la Résistance, activiste des pires moments de l'algérie française, o.a.s. compris, ouvertement antisémite, anti-avortement, anti-homo, anti-énarque, anti-système, dirigé par les héritières et un énarque gay, financé par des emprunts russes, ramassis d'intégristes, de têtes brûlées, de frustrés d'autorité, de visionnaires d'un monde simpliste, de manichéens où la peur et la haine de l'arabe tiennent lieu de pensée, de fanatiques colériques identitaires... et revoilà la nausée. Cabu, ton beauf...

On se doit de savoir que l'extrême-droite a toujours procédé ainsi pour accéder au pouvoir, dénonce le système dit pourri, se victimise, fabrique un discours plébéien, surfe sur les frustrations avant de s'imposer par la menace et la force, marionnette d'intérêts cyniques qui la manipulent. Vois la bête immonde toujours tapie, vois là ! A l'affût elle se repait de la misère.

Ici on s'est bien défendu, on est en "rose"sur la carte, j'apprécie les élus pour qui j'ai voté. Voilà. On en oublierait presque que voilà le Printemps, les fritillaires frétillent, les prunus pétalent, les narcisses se la jouent, les matous et les minouches se maiouent, l'herbe pousse sous les vaches.

Je sors de ma torpeur et sens comme une vague joie de vivre au delà de cette marée noire putride. Et v'là l'bon vent, ma Mie m'attend.


De Zévaco à Geronimo en passant par la Chaussée Jules César...par Michel Moretti

Geronimo
Si y a un mois où dieu existe pas, c'est bien en Février. Février, c'est pas mon truc. Je quitte la couette que pour le poêle ou la cheminée. Je frissonne dès que Minou délaisse mes cuisses. Même repeint en valentine's day, ça grisaille. Même pas la force d'aller voir mes comptes en Suisse, trop de neige. HS...

Je suis l'actu comme j'essuie ma narine suintante, de façon chronique et automatique, sans y penser vraiment, juste parce que ça fuit. Dsk fait un carlton, partouze-cadeau de féaux vicelards, partouze parmi les partouzes locales, habituelle, cachée, rude et sauvage, dodo la saumure fournit la morue, Dominique nique nique ... détails sordides,  sinistres 

Sinistrissime cet islamisme fanatique, de l'attentat de Copenhague à l'assassinat de Coptes en Lybie, de boko haram à daesh... le néant. J'imagine les camps syriens de l'Anatolie glacée, les maisons déchirées d'Alep, les Arméniens de  Der Es Zohr...

Sinistre cette Ukraine orientale, boucle du Don pas douée, au sol gorgé de sang de la dernière guerre, de l'avant-dernière  plutôt puisqu'on écrase à nouveau ces longs villages gris et boueux, ces cités soviétiques. Plus les russes menacent leurs voisins, plus ceux-ci adhèrent à l'otan, plus le voisin adhère à l'otan, plus le russe menace, et ça purge ...

Y a que l'odyssée ump du kon tiki qui fait ricaner ou la traversée improbable du malin chez les malins. Misère.

Bref, à part ma Minouche, le seul rayon de soleil, c'est Zévaco. Michel Zévaco. En rangeant mes bouquins j'ai retrouvé "le pont des soupirs", collection le livre populaire chez Fayard, fatigué de lectures . Bien sûr les Pardaillan-Fausta, Nostradamus, Capitan, Chevalier de la Barre sont autant de bibles, mes dieux lares. La suite est en route, "les amants de Venise",

" Scalabrino paraissait très calme. En réalité, il faisait un effort considérable pour ne pas sauter à la gorge de l'homme qui l'avait trahi, de l'homme qui venait d'enlever sa fille. - j'ai juré à Juana de ne pas frapper le premier ! gronda-t-il en lui-même ". Né à Ajaccio, Enragé, Anar déchaîné, embastillé, bouffeur de curé, feuilletonneux républicain de génie, j'adore, j'adule, du pur Cabu, de la joie jubilatoire. Il a vécu à Pierrefonds, il est mort à Eaubonne. Je suis corse tendance zévaco.

Justement, gamin, baron perché, j'ai passé des étés dans les cerisiers du jardin des grands parents du côté d'Eaubonne. Depuis les barres des cités HLM ont dévasté les vergers, l'A15 passe au fond du jardin par les prés du boucher, le collège Saint-Exupéry occupe le fond de l'impasse Kvot et Leydekkers (du nom de deux partisans bataves occis ici) et maintenant y a une mosquée Arrahma à l'angle de la Chaussée Jules César (rebaptisée rue du 18 Juin) ...

 Ca fait des couches sur mon enfance, ça fait dans la purée, j'ai du mal à latéraliser mes babouches, surtout en Février. Je retourne sous ma couette avec mon chat qui sait rien de tout ça. Sacrées racines !

 

NDLR : à lire absolument " DES OMBRES A L'AUBE ", un massacre d'Apaches et la violence de l'Histoire, 30 avril 1871, de Karl JACOBY (pas confondre avec l'autre). Quatre points de vue du massacre par les massacreurs, les indiens O'odham, les Mexicains voisins, les Anglos et les massacrés, les Apaches eux-mêmes. De la belle Histoire, passionnante parce que complexe, de la fabrication des mythes de l'histoire des Etats-Unis. Grand Prix des Rendez-Vous de l'Histoire de Blois.


Charlie bravo par Michel Moretti

On a beau se la souhaiter longue et vigoureuse, on sait bien que ça va pas être si facile. On sait bien que le pire est à venir parce qu'on oublie vite le pire du passé. Mais là 2015 commence fort.

Cabu, Wolinski, Charb, oncle Bernard et leurs compagnons. Tignous, l'auteur de la bd sur le procès colonna. J'ai perdu gros, perfusé de leurs dessins depuis leur début, shooté, ils me manquent, "je ne pense qu'à ça".

Lephoel

Héritiers de Rabelais à Pierre Dac, de Desproges à Cavanna en passant par Reiser (on oubliera p. val), ils ont été assassinés par de sales petits cons, parmi ceux qu'Ils essayaient d'éveiller, de défendre. Initiative meurtrière et suicidaire de branquignoles manipulés, fanatisés. Et puis y en a un autre qui se déchaîne et c'est l'apocalypse.

Les medias nous abreuvent de paroles vaines, "j'ai rien vu du tout, j'ai entendu un boom, j'aurais jamais imaginé un truc comme ça...", "vous avez un peu d'angoisse ? beaucoup, monsieur, beaucoup", "je le vois comme je vous parle",  "il y aura un avant et un après"... , images de rambos noirâtres rampant derrière des murets périphériques. Provoc : 100% de réussite.

Si les cibles sont évidemment prédéterminées, ce qui me frappe, comme pour mera à Toulouse, menouche à Bruxelles, c'est cette facilité à tirer et à tuer, la fuite est isolée, bricolée, sans logistique. La rage de tuer est là ! Froide, inhumaine, fanatique. Tout ce contre quoi nos Frères de Charlie luttaient.

Le salafisme alimente cette haine, l'organise et la finance. La menace est aisée à mettre en oeuvre, des gamins suffisent, gavés d'une pâtée islamo-militaire et de quelques dollars. Pourquoi cette facilité de conversion au fanatisme ? Abandon des plans jeunes, paupérisation,  haine coloniale, haine post-coloniale, postulats identitaires, logique de cinglés, stratégies totalitaires, virus fossiles inoculés à des débiles. C'est si facile : frustration identitaire et négation de l'Autre tiennent lieu de pensée.

Sûr que le fn s'y retrouve puisqu'il prolifère sur le même terreau de misères identitaires qui s'alimentent l'une  de l'autre. Si la lepen était arabe, elle serait salafiste voilée et bouclée au harem, comme quoi même le wahabite (de cheval) n'est pas entièrement négatif.

Dans le village, on s'est rassemblés, recueillis, nombreux, comme partout. C'est bien que ce soit Monfrançois qui gère ce genre de situation. Pace e salute, c'est l'occasion de réviser Hara-Kiri. Qui pleure ?


2b or not 2b par Michel Moretti

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Footre ! Depuis qu'on a mis l'identité en carte, c'est infernal ! Pourquoi pas un ministère ?

On agite  même le drapeau devant les buts, on plante le drapeau grand russe en Ukraine, on s'écharpe à Jérusalem entre temple et mosquée, entre sépulcre et golgotha. En Syrie, en Lybie qu'est-ce qu'un civil face à akbar ? Ca identite à tous les niveaux, à tous les caniveaux !

 Chacun y va de sa définition.... le moindre esquimau, le moindre pygmée, le moindre apache, le moindre papou-jivaro se baptise "homme", ce qui signifie que l'autre l'est un peu moins. Tout juste comestible.

Là où le progrès fait rage c'est que maintenant on est "élu", choisi par dieu himself personellement. Exclu de la mecque comme mécréant, exclu de la filiation comme goy, exclu comme mauvais chrétien pas assez catho, jacobite, orthodoxe (au choix), exclu comme pas d'ici, barbare, voleur, fourbe ou puant, non hétéro... et j'en passe. Mais de toute façon imbouffable, toxique, et ça peut aller jusqu'au tuable, massacrable, égorgeable, pendable, gazable, noyable, brûlable, pâlable. Juste jetable.

On ne te bouffe plus et à la limite, quand c'est bien organisé, on peut récupérer ta peau (abat-jour), dents (ivoire), cheveux (tissus), graisse (savon), os (engrais), sans compter les apparts, meubles, fringues, bouquins, tableaux; sculptures, bidules... Y a toujours une industrie, un commerce, un voisin intéressé aux aguets, une marraine lepine.

Pendant ce temps Philae rebondit à quelques dizaines de millions de kilomètres d'ici après une course savante et finit dans le trou obscure de la comète. Comme d'habitude. L'humain est bizarre.

Nous on cherche le chauffagiste sachant chauffer tandis que Minou alterne entre le canapé (25 heures par jour) et le grimper-éclair de chêne (25 dixième de seconde) et tandis que les feuilles mortes se ramassent à la pelle.

Note d'actualité : suis solidaire du pauv' minou traqué, qu'on fait passer pour un tigre pour mieux l'abattre, entre flic maniant la grenade et manant exterminant le nuisible. Je me sens  vachement ragondin.