#incendiaires #corse : Adresse à Monsieur le Procureur de la République par Ugo Pandolfi *
27 août 2016
Bourdes, boulettes et bêtises textuelles n'étant pas des délits, je ne vous demande pas ici, Monsieur le Procureur de la République, d'engager des poursuites à l'encontre de l'occupante actuelle de la rue de Valois.
La méconnaissance d'un ministre de la Culture des oeuvres de l'écrivain Michel Butor n'est certes pas la pire des menaces qui fondent sur nous; même si, néanmoins, elle révèle qu'il est de nos jours possible de piétiner sans vergogne de grands textes, de ceux qui nous marquent, nous construisent, nous font être et être ensemble.
La modification n'est pas l'ouvrage de Michel Butor qui m'a le plus marqué. Boomerang par contre, le troisième génie du lieu, est un livre, paru en 1978, que je ne cesse de relire, de reprendre. Un ouvrage difficile, complexe, à plusieurs entrées. Il a cette particularité de nous faire voyager entre des pays rouges, bleus ou noirs.
D'un mot à l'autre, d'une page à l'autre, d'une encre à l'autre (il a été imprimé en trois couleurs), Michel Butor nous fait changer de races et d'yeux.
Un immense texte.
A une échelle autre, toute différente, mais tout aussi importante pour moi, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen, préambule à notre Constitution, est un texte que l'on ne saurait ignorer, piétiner, oublier de relire.
Même chose pour la loi de 1881 concernant la liberté d'expression. Idem pour la loi de 1972 contre le racisme.
Délit, la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.
Délits incendiaires. Tolérance zéro.
Oui, des poursuites me semblent opportunes.
Pas seulement parce que nos lois sont faites pour être appliquées et respectées.
Parce qu'il me semble nécessaire, pertinent, opportun que ceux qui s'excitent aujourd'hui a jeter de l'huile sur les feux prennent la mesure des ravages qu'ils engendrent et qu'un juste retour de flammes les sanctionne.
Comme un boomerang ?
* Ugo Pandolfi est membre du collectif Tarra d'Accolta rassemblant 35 auteurs insulaires contre le racisme et la xénophobie. L'Adresse ci-dessus est une libre opinion personnelle. (NDLR)