Je t'écris d'un pays ami par Michel Moretti
25 janvier 2016
Je viens de passer par Talamone, provincia di Grosseto, c'est un mignon petit repère de pirates mauresques face au Giglio, île qui s'y connaît en naufrage. Avec en fond d'horizon les sommets de cette Corse mystérieuse, si attirante qui fascinait les jeunes têtes de maure désoccupés. Les plus fous émigraient, ils enfourchaient une planche et du "bagno delle donne", ancien camp de captives chrétiennes, gagnaient ledit paradis corse. Peu y arrivait, on les nommait alors les talamoni. Il arrivait que l'un ou l'autre, traumatisé par l'épreuve, souffrit d'une corsitude exaspérante que nulle herbe même endogène ne guérissait, hélas.
Par contre, j'ai pas pu retourner à Saint-Siméon pour cause de daeschité, shit ! C'est en effet à deux pas d'Alep. Saint Siméon vécut à Saint-Siméon par force. Enfant, dès le Vème siècle, il voulait rejoindre les Corses, ce que ses parents lui interdirent, inquiets de cette radicalisation précoce. En réaction, Siméon se sanctifia en grimpant sur une colonne pour défendre ses "frères" prisonniers de leur île (disait-il). Au fur et à mesure des ans la vénération crût comme la colonne qui atteignit la vingtaine de mètres verticaux et trois de diamètre. A sa base on creusa une rigole, par pour rire mais pour recueillir les immondices et déjections du Saint perché. Ses adorateurs s'en emparaient et les vendaient fort cher aux crédules périphériques. "Qu'est-ce ? de l'étron de Saint Siméon !". Dès lors, la question identitaire traversa les siècles et les mers.
Un fois, le descendant de l'Emigré rencontra l'héritier du Saint. Ils firent Alliance. Avec pour Credo : Tu chi sei ? Sei di qui ? T'es qui toi ? T'es d'ici ? (kitetoa tedissi en thaïtien).
Il m'arrive aussi de suivre le playtime de tati, tatichef, chef de la cab, taxidriver, iznogoud laborieux parmi les politicchinels, trahisons, coups de menton de gueule dont on attend un corneille ou un chatquiexpire qui saura magnifier les tragiques communiqués d'une prudente presse. Que dire des divagations des bennes à ordures de décharge en décharge bloquée, des bateaux au large de ports fermés, des baptêmes rocc'n roll de sncm en maritima (à propos marittima ça prend 2t, comme tatti), des délices des jardins de l'empereur, des triomphes footebalistiques, des petits meurtres entre voisins...
Che miseria ! Toutefois rien que le génie ordinaire d'un peuple ne puisse résoudre. Evidemment c'est plus simple de crier sans vergogne "Vive Moi !" ou - ce qui est déjà plus compliqué - "Vive Nous !" . Si ça règle rien, ça saoule.
Sinon ça va, j'ose pas imaginer que 2016 soit pire que 2015. Je te la souhaite belle bonne et vigoureuse. Pace è salute, que les dieux nous fichent la paix !
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