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janvier 2015

Les blogueurs se mobilisent pour Raif Badawi

Amnesty dr
Le blogueur et militant Raif Badawi a été flagellé en public de 50 coups vendredi 9 janvier 2015 devant la mosquée al Jafali à Djedda. Condamné en mai 2014 à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour avoir créé le forum de discussion en ligne « Libérez les libéraux saoudiens ».

Pour empêcher ce châtiment corporel scandaleux et obtenir la libération de Raif Badawi, Amnesty International a lancé une pétition à l'attention du Roi d'Arabie saoudite, du Premier Ministre avec copie au Président de la Commission des droits humains et de l'Ambassadeur d’Arabie saoudite en France.

Des blogueurs se mobilisent à leur tour contre cet acte d'une extrême cruauté prohibé par le droit international. et demandent  la libération du blogueur saoudien Raïf Badawi. 

je suis blogueuse, #JeSuisRaif -lance pour sa part, dans son blog Isabelle Bouvier en adressant un message au Président de la République française soulignant que si l'Arabie saoudite n'a pas signé la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, tout être humain peut se prévaloir des droits et libertés qui y sont proclamés.

Raif Badawi est un prisonnier d'opinion -souligne Amnesty International; son seul “crime” a été d'exercer son droit à la liberté d'expression en créant un site Internet dédié au débat public. Il doit être remis en liberté immédiatement et sans condition.


Du nouveau dans les nouveaux mystères de Marseille

Il se passe -livre Jean Contrucci- d’étranges choses à l’abri des hauts-murs de La Soubeyranne : des taureaux luttent à mort contre des tigres, des enfants disparaissent, et, pour mettre fin à leurs souffrances, certaines femmes sont prêtes à commettre l’impensable.

On vous en dit pas plus. Mais la nouvelle qu'elle est bonne à savoir, c'est que le tome 12 des “Nouveaux Mystères de Marseille” est prévu en librairie pour le 4 mars prochain. Son titre: L'affaire de la Soubeyranne. Contrucci dr


La ronde des Rosebud , une nouvelle de Jacques Mondoloni

Comme chaque année il y avait à son programme « Rosebud ».

« Rosebud » venait des derniers mots prononcés par Orson Welles dans son film « Citizen Kane » et faisait référence à l’enfance du personnage, son paradis perdu qu’on découvrait à la fin sous la forme d’un traîneau qui brûlait dans une immense cheminée avec tous les objets qu’il avait accumulés au cours de sa vie de magnat de la presse   –  entre les flammes qui consumaient le tissu du traîneau on entrevoyait l’inscription « Rosebud »  se désagréger par degrés. Cela signifiait, à la minute fatale, au moment de pousser le dernier soupir : faire le bilan d’une existence, faire le ménage avant de passer de l’autre côté. Mais pour lui, par un glissement de sens, cela signifiait aller vérifier par lui-même que les êtres qui avaient compté, qui avaient failli mourir lors de l’Attentat,  étaient encore en vie, et à l’abri du besoin.

Ils vivaient maintenant hors de son horizon, dans une autre histoire, mais chaque début d’année il allait voir ce qu’ils devenaient, il allait rôder autour de leur maison ou de leur appartement, faisant le voyage, traversant la France, malgré l’effort à son âge que cela représentait, afin de prendre sa revanche sur la distance qui les avait éloignés, séparés  --  « la géographie est contre nous ! » s’étaient-ils plaints à chaque fois qu’il apprenait  un déménagement.

Etaient-ils heureux avec leur nouveau compagnon, compagne, épouse ou  mari, avaient-elles mis au monde des enfants, et ceux autrefois qu’il avait connus ou entre aperçus après l’Attentat,  grandissaient-ils normalement, c’est à dire dans l’insouciance et le confort ?  C’étaient ces enfants dont il voulait tout savoir quand il s’approchait de leur foyer. La mère et  le père avaient-ils les moyens de les élever correctement, dans le respect des autres, l’enseignement de la solidarité et de la fraternité, ses valeurs à lui, proches de la charité inhérente à son éducation  mais laïque.  Et apprendre  qu’il y avait eu un divorce dans l’intervalle le remplissait de chagrin et d’inquiétude : « Rosebud » résonnait alors comme un danger, un échec qu’il devait empêcher : la meilleure manière c’était l’apport d’argent, sous forme anonyme pour ne pas se découvrir, ou l’intervention auprès d’une administration s’il s’agissait d’un problème de logement ou de travail, arrangeant l’affaire en coulisses, se transformant en bienfaiteur « qui a le bras long », malgré l’amputation provoquée par l’Attentat, ou en corrupteur qui sait faire entendre la menace : il n’avait pas à se forcer ayant gardé le goût de l’autorité inoculée pendant sa carrière de préfet .

 Bien sûr des bénéficiaires se doutaient de sa présence : deux femmes rescapées de l’Attentat,  émues par  ses générosités, cherchaient à le contacter, à son ancien bureau de la préfecture, ou directement, ayant réussi à se procurer son numéro : il en avait la preuve par les appels qui s’inscrivaient  sur l’écran de son téléphone, mais il ne répondait pas, il entrait en clandestinité. Tous les mois de janvier, après ses « visites », sa ronde,  il partait à l’étranger, se réfugiant dans un car de touristes dans les hoquets des clic-clac  -- de toute façon il détestait la période des réveillons, le pétillement des fêtes, depuis qu’il avait survécu à l’Attentat.

Heureusement sur le front des « Rosebud », depuis une paire d’années, c’était calme : des bobos, des enfants fugueurs, des compagnons volages, mais pas de mort ou de chômage.

Il regarda sa montre. Bientôt le jour de l’An, c’était le moment de partir rôder autour des « Rosebud ».

© Jacques Mondoloni - janvier 2015

 

JùondploniFidèle à son habitude, à chaque début d'une nouvelle année, l'écrivain Jacques Mondoloni nous livre une  courte nouvelle. Retrouver les précédentes nouvelles de Jacques Mondoloni  dans la collection digitale Nuages Noir lancée depuis 2007 par www.corsicapolar.eu

 


Recherches sur la délinquance des jeunes sous la direction de Laurent Mucchielli

Loin des clichés fréquents en la matière, cet ouvrage dirigé par Laurent Mucchielli, propose un bilan des connaissances à la fois historique, sociologique et juridique.

Les comportements de la jeunesse accompagnent les évolutions technologiques et sociétales -souligne le sociologue- mais les différents types de délinquance identifiés par la recherche témoignent davantage de la permanence que de la nouveauté des problèmes.

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La Délinquance des jeunes, est publié aux éditions La Documentation française

Le sociologue Laurent Mucchielli anime depuis 2009 le site internet Délinquance, justice et autres questions de société, riche de nombreuses ressources documentaires et d'analyses critiques.


Les aventures de Rossetti & MacLane de Jérôme Dumont

DumontTechnologies numériques, humour, supense, les aventures de Rossetti & MacLane imaginées par Jérome Dumont attestent que les rencontres de la carpe et du lapin produisent d'excellent effets quand l'auteur est un avocat de formation ayant baigné longtemps dans un milieu déjanté. Les six premiers opus de la série sont tous disponibles en ligne ainsi qu'en version papier sur Amazon. Le septième épisode des aventures de Rossetti & MacLane est actuellement en chantier. Il y a fort à parier si l'on surveille les sources d'inspiration en ligne de Jérôme Dumont que ça va se passer sur l'eau et dans un monde clos. A noter que cet auteur numérique a été remarqué par la FNAC dans la crème du crime 2014. A son propos, notre amie Isabelle Bouvier qui à l'oeil et la plume avisés sur les e-books vous le conseille également :  une écriture fluide, de bonnes descriptions, des enquêtes haletantes. Des rebondissements et un auteur à découvrir donc, sans hésitation.


Charlie bravo par Michel Moretti

On a beau se la souhaiter longue et vigoureuse, on sait bien que ça va pas être si facile. On sait bien que le pire est à venir parce qu'on oublie vite le pire du passé. Mais là 2015 commence fort.

Cabu, Wolinski, Charb, oncle Bernard et leurs compagnons. Tignous, l'auteur de la bd sur le procès colonna. J'ai perdu gros, perfusé de leurs dessins depuis leur début, shooté, ils me manquent, "je ne pense qu'à ça".

Lephoel

Héritiers de Rabelais à Pierre Dac, de Desproges à Cavanna en passant par Reiser (on oubliera p. val), ils ont été assassinés par de sales petits cons, parmi ceux qu'Ils essayaient d'éveiller, de défendre. Initiative meurtrière et suicidaire de branquignoles manipulés, fanatisés. Et puis y en a un autre qui se déchaîne et c'est l'apocalypse.

Les medias nous abreuvent de paroles vaines, "j'ai rien vu du tout, j'ai entendu un boom, j'aurais jamais imaginé un truc comme ça...", "vous avez un peu d'angoisse ? beaucoup, monsieur, beaucoup", "je le vois comme je vous parle",  "il y aura un avant et un après"... , images de rambos noirâtres rampant derrière des murets périphériques. Provoc : 100% de réussite.

Si les cibles sont évidemment prédéterminées, ce qui me frappe, comme pour mera à Toulouse, menouche à Bruxelles, c'est cette facilité à tirer et à tuer, la fuite est isolée, bricolée, sans logistique. La rage de tuer est là ! Froide, inhumaine, fanatique. Tout ce contre quoi nos Frères de Charlie luttaient.

Le salafisme alimente cette haine, l'organise et la finance. La menace est aisée à mettre en oeuvre, des gamins suffisent, gavés d'une pâtée islamo-militaire et de quelques dollars. Pourquoi cette facilité de conversion au fanatisme ? Abandon des plans jeunes, paupérisation,  haine coloniale, haine post-coloniale, postulats identitaires, logique de cinglés, stratégies totalitaires, virus fossiles inoculés à des débiles. C'est si facile : frustration identitaire et négation de l'Autre tiennent lieu de pensée.

Sûr que le fn s'y retrouve puisqu'il prolifère sur le même terreau de misères identitaires qui s'alimentent l'une  de l'autre. Si la lepen était arabe, elle serait salafiste voilée et bouclée au harem, comme quoi même le wahabite (de cheval) n'est pas entièrement négatif.

Dans le village, on s'est rassemblés, recueillis, nombreux, comme partout. C'est bien que ce soit Monfrançois qui gère ce genre de situation. Pace e salute, c'est l'occasion de réviser Hara-Kiri. Qui pleure ?


Le serial mapper et les cartes obus

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Nicolas Lambert est  un chercheur, ingénieur au CNRS, qui invite à polémiquer.  En décembre dernier, lors d'un séminaire dédié à l'usage contestataire des cartes, il a présenté, avec Olivier Clochard, une communication intitulée "des données de l'enfermement à la cartographie radicale".

Dans son blog dont désormais nous intégrons le flux RSS, Nicolas Lambert revient sur le thème et propose de dessiner les contours de cette contre géographie qui s'oppose à la doxa dominante.

Faire de la cartographie radicale -écrit Nicolas Lambert-  c'est créer des cartes obus, susciter du débat et de la confrontation, impliquer le citoyen par des processus participatifs et déclencher des actions politiques concrètes. C'est une cartographie engagée et militante, un outil de contestation et de reconquête d'un pouvoir confisqué.

Vous avez  bien compris : au XXI eme siècle, il n'y a pas que les littératures policières qui peuvent tenir le langage de la contestation. Suivez la carte !