Pas d'oubli pour les ennemis de la mémoire par Ugo Pandolfi
18 juillet 2012
Ce n'est qu'une anecdote de journaliste vieillissant. Mais, justement, parce qu'elle concerne cette profession qui est la mienne, elle reste dans mes souvenirs, gravée, inscrite, comme une blessure. Une honte, non oubliable. C'était il y a vingt six ans, en 1986, un matin, lors de la conférence de rédaction de France 3 Côte d'Azur à Antibes. Après avoir discuté et distribué les principaux sujets de reportages qui devaient alimenter le conducteur du journal télévisé régional du jour, le rédacteur en chef proposa à l'une de nos jeunes consœurs, spécialisée dans le domaine culturel, d'assurer un sujet d'une minute sur une exposition itinérante de passage à Nice consacrée à la Rafle du Vélodrome d'hiver. La très sérieuse réponse de cette jeune femme qui était en possession d'une carte de presse, fut stupéfiante. Elle déclina en effet la proposition, en affirmant que les sports n'étaient pas vraiment son domaine (sic). Ne doutez pas ! Je n'exagère rien. J'ai les noms.
Est-ce pour avoir vécu cette indignité que, comme Henri Rousso, directeur de recherches au CNRS , auteur d'ouvrages sur Vichy et la destruction des juifs d'Europe, je ne tombe pas de ma chaise en découvrant qu'en 2012 "la majorité des moins de 34 ans ignorent ce que fut la rafle du Vél'd'Hiv"?
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