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Jean-Pierre Cagnat avec Corse-Matin

C'est l'été en Corse...Denis Blémond-Cerli choisit d'enfoncer des portes ouvertes

Denis blemont cerli portrait etroit Comme ailleurs c’est l’été en Corse, mais l’été en Corse a des saveurs particulières, un relent de « trop de tout » qui me laisse songeur et vaguement inquiet. Je l’avoue sans me cacher, sauf pour le salon Corsicapolar, je fuis l’île en juillet et août.

Denis blemont cerli portrait etroitSur les plages on ingurgite le dernier Marc Levy, donnant ainsi à constater combien le marketing littéraire a fait son chemin dans les esprits formatés par TF1. Ailleurs, bateaux et avions déchargent sans discontinuer une horde assoiffée de criques sauvages qui ne pourront l’être durablement par la faute d’une telle invasion. Alors, de l’autre côté de la mer, je m’inquiète pour « mon » île, ce possessif peu acceptable l’est pourtant quand je revois mon grand père revenant de sa campagne, les ânes chargés de légumes frais. Où est-elle la Corse de mon enfance ?

Oui j’ai peur que le feu ne finisse par détruire ce qui reste de ces forêts magiques, que les dunes de l’Ostriconi soient saccagées par la pollution, par  l'huile solaire et le piétinement continuel des touristes en mal de jouissance. Oui j’ai peur que la marée humaine qui s’embrase sous le grand feu du ciel de la Méditerranée fasse de la Corse une immonde Cote d’Azur bis.

L’autre jour à Calvi, j’ai entendu toutes les langues sauf le Corse, d’ailleurs j’en cherchais un de Corse, le paradoxe étant que les touristes viennent aussi en partie pour cela, pour découvrir dans l’insularité des personnes différentes d’eux, des « vrais gens » avec une autre culture.

Je suis pour le petit éleveur qui fait ses fromages et son lonzo dans les règles de l’art, pour l’artisan et contre le promoteur qui inonde l’île de cahutes « loi sellier » parce que les plus nantis ne veulent plus payer l’impôt, laissant cette ignominie aux plus faibles revenus. Oui je sais j’enfonce les portes ouvertes, je suis le roi du poncif : comme disait l’autre « l’eau ça mouille et les guerres c’est pas bien » sauf que certains poncifs sont avant tout des fondements à ne pas gommer de sa mémoire…

Moi je crois toujours que la Corse n’est pas qu’un mythe perdu, si ses habitants peuvent se tromper et la trahir parfois, la terre ne peut mentir, l’olivier se dénaturer et le libeccio nous abandonner. Je persiste à croire qu’elle a une âme inaltérable et éternelle, oui la Corse est en résistance depuis toujours...

* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage ,  Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Okuba Kentaro dans Kroniques d'OK, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae

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