Du Château à la Bastille par Michel Moretti
25 juin 2010
Tant était grande la rage du prince que la vie du Château s'est arrêtée mercredi et jeudi : convocations du personnel, bachelotage, réception de l'henrythierry cueilli par coche spécial à sa descente d'aéronef, annulation de rencontres préparatoires au G20... Quand le foot, "solution à la crise" est en crise, c'est la crise. Reste plus que la convocation des Etats Généraux.
Le Château tressaille des calomnies dont il est assailli. La dénonciation fauche à tout va : la boutin, le woerth, le joyandet, la yade, le bonnet, l'amara, la bachelot, le baroin... se font mettre en pièces pour diverses largesses, facilités, concussions... Comme un goût de "désastre moral" sur fond de désastre tout court. Ça sent la douve qui se néglige !
Le Château attaque. Il y va de son avenir. Il faut rassurer le financier qui doute de la magie du prince. Il faut d'urgence tailler le manant, prendre l'argent là où il est... Pas chez liliane fripette, la pauvresse fait ses comptes sur le micro caché par son majordome. Car le larbin est traitre.
La valeur-travail consiste d'abord et principalement à faire travailler le gueux plus longtemps, surtout si y a pas de boulot ! Les tarifs baissent et les caisses se remplissent. On appelle ça la retraite. Il en fut des ratées !
Ensuite il faut tenir informé la multitude des exploits du Château : que tous les regards se tournent vers la vraie lumière, celle du prince. Il s'agit de mettre la main sur "le Monde" (après l'échec colombani/minc) ; il s'agit de mettre au pas France Inter, de virer Stéphane Guillon et Didier Porte, "trop vulgaires" (savoureux de la part de philippe val, ex charlie hebdo). En attendant de se faire Decarolis, bien que... Comme comique, pourquoi pas prendre le finkelkraut ?
Faut dire que le Château est bien isolé. Aucune rumeur de prolo râlant ne parvient aux oreilles du prince qui ne supporte plus le moindre déplaisir. Il choisit des ouvriers à sa mesure et visite la plèbe furtivement de nuit.
Le Château économise. Afin d'éviter de salir l'herbe, la garden-party du 14 juillet est supprimée ; l'henrythierry aurait pu inviter, ça représente à peine un mois de son salaire. Faut dire qu'amuser la populace coûte cher : 3 briques le concert de jauni-suisse en 2009. Pas de cérémonie d'inauguration du nouvel airbus du prince.
Le Château se retrouve sans foot, c'est dire sans défense, avec un prince entouré de nuls, "faut que je fais tout moi même", il tire tous azimuts sans autre munition que son irréductible idéologie. Devise : "tout pour fucket's, rien pour toi".
L'ultralibéralisme, même masqué, s'alimente des crises qu'il provoque. Ce ne sont pas les Etats Généraux qui démentiront. Même la Bastille fut vendue pierre par pierre !
* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage , Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Okuba Kentaro dans Kroniques d'OK, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae
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