Procuration par Michel Moretti
18 février 2010
900 000 gardes à vue : 1 français sur 10 au gnouf. Et ça suscite pas tant d'émotion que ça. Maintenant, quand je croise un flic, je me fais nauséeux ! Je reflux du boeuf-carotte !
Je me fais une procuration pour l'élection. La dame de la mairie me dit d'aller chez les flics. Je vais chez les flics. Nessun. Guérite vide. Barreaux jusqu'au ciel. Oeil de caméra. Je sonne. Ca dringue. Ca clinche. Je pousse ou je tire la grille ? J'ai nettement le sentiment de me mettre au trou. Courette couraccia style cage. Hall sale sinistre de pénombre grisâtre. Portiques. Ne manquent que les machins à te scanner le corporel.
A gauche, 3 mecs qui trifouillent de la tripaille électronique qui défaille. En face, derrière le comptoir, l'accueil. La minette fliquette jugée digne de l'accueil. Elle téléphone perso, rien à cirer de mapomme. Je proteste non plus.
Bonjour, je viens pour savoir au sujet de l'élection que je voudrais une procuration que je suis pas là pour le vote, je fais pour expliquer clairement. Elle finit par me regarder. Elle aurait pu être mignonne. Elle fait pfffuuuiiii. Elle a l'air peu motivée pour ce motif. A quoi ça serf de voter, elle pense ! Mais bon réglo, elle exécute.
Citoyen, tu reviens avec ton identité, l'âge de ton procuré et tu remplis ! Deux mots, l'échange presqu'humain, un regard qui semble s'éveiller, une lueur dans le commissariat blafard où flotte l'odeur du cafard terré et d'urine du primate encagé. Brazil !
Je ressens pas même une trace de désir, celle qu'on a normalement pour sa postière, sa pharmacienne ou sa voisine. Rien. Juste l'envie de se casser. J'appuie sur les boutons pour que ça ouvre. Faut tirer ou pousser ?
J'exagère ? Le temps d'une chronique, ça me fait du bien de le raconter.
Faut que j'y retourne demain.
Ciné : à voir "la bella gente" Prix du festival du cinéma italien de bastia qui fut beau.
* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage , Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae
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