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Au garde à vue par Michel Moretti

Les interrogations existentielles…par Denis Blémont-Cerli

Denis blemont cerli portrait etroit C’est bizarre parfois comme des interrogations vous poursuivent des années durant. J’y pensais l’autre jour en regardant la télé qui - ne sachant plus quoi nous refourguer - nous ressort des nanars antédiluviens. Voyez-vous c’est sans doute idiot mais depuis environ 45 ans je me demande comment Don Diego de la Vega n’est pas reconnu comme Zorro par le sergent Garcia. C’est vrai quoi, les yeux, la voix, l’allure, tout en somme est là pour l’identifier mais non cette grosse bedaine de sergent Garcia ne voit rien. Mystère insondable des interrogations existentielles…

Reste pareillement toutes ces autres questions restées sans réponse…

Pourquoi faut-il mettre quelques graines d’anis dans les canistrellis ?

Que faisait Michael Collins pendant que Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchaient sur la lune ?

Lampe d'avant Sans doute maudissait-il les deux autres et pour ne pas s’ennuyer regardait-il la télévision en se demandant comment le sergent Garcia ne reconnaissait pas en Don Diego de la Vega ce Zorro tant recherché…

Ah la jeunesse d’aujourd’hui se rend-elle compte combien on a souffert nous autres. Imaginez un peu la vie avec une seule chaîne en noir et blanc vue sur une télé grosse comme un timbre-poste avec la définition d’un daguerréotype. Le matin il y avait le Pape et le soir les discours de De Gaulle, c’était réjouissant comme du champagne qui a tourné vinaigre. Pas étonnant après ça qu’on ait tout cassé en 68... Et en plus cette télé à la graisse de chevaux de bois, notre Philips, elle tombait sans arrêt en panne. Rappelez vous le drame à la pensée de louper la messe de Jean XXIII… Alors on faisait venir le docteur des postes, il arrivait dans sa belle blouse bleue avec ses mallettes remplies de fioles bizarres, des tubes électroniques appelés plus communément lampes. Le type faisait semblant d’être dubitatif un moment puis soudain son visage s’éclairait d’un halo eurêka comme Archimède quand il découvrit la relativité d’Einstein. Lorsque le type avait fini d’opérer dans les entrailles du monstre il présentait sa facture qui représentait pas moins d’un bon mois de salaire de mon père. Ah c’était le bon temps, aujourd’hui les vêtements coûtent moins cher que les pommes de terre, quant aux télés plates comme des limandes on les donne pour peanuts, oui autrefois une bonne télé c’était dix ans d’économie et on la vénérait comme une divinité.

C’est le problème aujourd’hui, on vit dans une époque déboussolée par les interrogations existentielles de la mondialisation : tous les trucs zibouibouis, zigouzis, zinzins machins-choses sont fabriqués en Chine et ne coûtent plus rien mais on ne peut plus se payer un kilo de tomates sans faire un crédit. Finalement, au milieu de toutes nos interrogations, la seule certitude qui s’impose c’est qu’on va se faire bouffer par les Chinois. Ils viendront en vacances en France en rigolant de notre retard technologique comme nous quand on voyait des images de la Roumanie sous Ceausescu. C’est sûr, dans dix ans on aura le PIB du Burkina Faso et un Français apparaîtra à un Chinois si préhistorique qu’un néanderthalien fera humanoïde d’avenir à côté de lui…

* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage ,  Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae

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