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Portraits d'auteurs avec vache

Piratage des livres : faut-il avoir peur ? par Denis Blémont-Cerli

Denis blemont cerli portraitC’est le branle-bas de combat aux États-Unis, où les éditeurs, effrayés, voient se multiplier chaque jour les sites illégaux de téléchargement de leurs livres. Dans ce pays où les lecteurs numériques tels le Kindle d'Amazon et le  Reader de Sony se sont vendus par millions, le marché du livre numérique est juteux, pas étonnant que le piratage ait le vent en poupe.

190.113215 Après la musique, c’est le livre qui devient peu à peu la cible des sites illégaux. Jusqu'à présent le livre était presque préservé pour deux bonnes raisons.

Primo, il est quasi impossible de lire longtemps sur un écran de PC, c’est fatigant pour la vue, par contre la technologie des tablettes de lecture, une encre électronique composée de millions de microcapsules, est bien plus satisfaisante, on peut lire des heures sans cette impression de scintillement si désagréable sur l’écran LCD.

Secundo, si le piratage de la musique est si facile, c’est parce que, dès l’origine, elle était numérique et rien n’est plus facile que transformer, « ripper », un CD en format MP3, un type de fichier idéal pour le net. En revanche il était bien plus difficile de transformer un livre en format numérique. Il fallait pour cela scanner feuille après feuille et convertir le tout en OCR* dans le format adéquat, Word ou PDF ou autre. C’était long, fastidieux et le texte était souvent bourré d’erreurs orthographiques et typographiques. Mais maintenant que l’offre numérique devient surabondante (Google Éditions met en place pour 2010 une librairie virtuelle de 500 000 titres) rien n’arrêtera la copie des livres numériques de l’offre légale, aucune DRM**, aucun système de protection ne résistent longtemps aux petits génies de l’informatique.

Comme pour la musique il y a quelques années, il faut donc s’attendre à une déferlante.

Les éditeurs français sont sur le qui-vive, ils savent qu’ils ne doivent pas s'adosser à un modèle de diffusion périmé d’avance comme les éditeurs de musique l’ont fait avec le fiasco que l'on sait.

Il n’y a pas encore le feu à la maison mais quand les lecteurs numériques seront à moins de 100€ (ce qui ne saurait tarder) il faudra proposer une offre intéressante aux lecteurs.

Disons-le tout haut, c’est une évidence, un livre en format électronique devrait être vendu, à minima, 50 pour cent moins cher qu’un livre papier et non 20 pour cent comme ils le proposent aujourd’hui, sinon gare au piratage tous azimuts…


* Un logiciel reconnaissance optique de caractères, ROC ou OCR (abréviation du terme anglais optical character recognition), il permet de récupérer un texte dans l'image d'un texte imprimé et de le sauvegarder dans un fichier pouvant être exploité dans un traitement de texte.

** La gestion des droits numériques (en anglais digital Rights Management - DRM) a pour objectif de contrôler l'utilisation qui est faite des œuvres numérique des mesures techniques de protection.

* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage ,  Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae

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