Piratage des livres : faut-il avoir peur ? par Denis Blémont-Cerli
29 octobre 2009
C’est le branle-bas de combat aux États-Unis, où les éditeurs, effrayés, voient se multiplier chaque jour les sites illégaux de téléchargement de leurs livres. Dans ce pays où les lecteurs numériques tels le Kindle d'Amazon et le Reader de Sony se sont vendus par millions, le marché du livre numérique est juteux, pas étonnant que le piratage ait le vent en poupe.
Après
la musique, c’est le livre qui devient peu à peu la cible des sites
illégaux. Jusqu'à présent le livre était presque préservé pour deux bonnes
raisons.
Primo,
il est quasi impossible de lire longtemps sur un écran de PC, c’est
fatigant pour la vue, par contre la technologie des tablettes de lecture, une encre
électronique composée de millions de microcapsules,
est bien plus satisfaisante, on peut lire des heures sans cette impression de
scintillement si désagréable sur l’écran LCD.
Secundo,
si le piratage de la musique est si facile, c’est parce que, dès
l’origine, elle était numérique et rien n’est plus facile que
transformer, « ripper », un CD en format MP3, un type de fichier
idéal pour le net. En revanche il était bien plus difficile de transformer un
livre en format numérique. Il fallait pour cela scanner feuille après feuille
et convertir le tout en OCR* dans le format adéquat, Word ou PDF ou autre.
C’était long, fastidieux et le texte était souvent bourré d’erreurs
orthographiques et typographiques. Mais maintenant que l’offre numérique
devient surabondante (Google Éditions met en place
pour 2010 une librairie virtuelle de 500 000 titres) rien n’arrêtera la
copie des livres numériques de l’offre légale, aucune DRM**, aucun
système de protection ne résistent longtemps aux petits génies de
l’informatique.
Comme
pour la musique il y a quelques années, il faut donc s’attendre à une
déferlante.
Les
éditeurs français sont sur le qui-vive, ils savent qu’ils ne doivent pas s'adosser
à un modèle de diffusion périmé d’avance comme les éditeurs de musique
l’ont fait avec le fiasco que l'on sait.
Il
n’y a pas encore le feu à la maison mais quand les lecteurs numériques
seront à moins de 100€ (ce qui ne saurait tarder) il faudra proposer une
offre intéressante aux lecteurs.
Disons-le
tout haut, c’est une évidence, un livre en format électronique devrait
être vendu, à minima, 50 pour cent moins cher qu’un livre papier et non
20 pour cent comme ils le proposent aujourd’hui, sinon gare au piratage
tous azimuts…
* Un
logiciel reconnaissance optique de
caractères, ROC ou OCR (abréviation du terme anglais optical character recognition), il
permet de récupérer un texte dans l'image d'un texte imprimé et de le
sauvegarder dans un fichier pouvant être exploité dans un traitement de texte.
** La gestion des droits numériques (en anglais digital Rights Management - DRM) a pour objectif de contrôler l'utilisation qui est faite des œuvres numérique des mesures techniques de protection.
* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage , Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae
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