A Peluche ! par Denis Blémont-Cerli
12 août 2009
Voilà, hier matin je me lève comme tout le monde tous les matins et je fais ce qu’on fait le matin, enfin vous savez, le petit déjeuner, la toilette et le brossage des dents, les réflexions assassines sur sa gueule dans le miroir, ce genre de machin quoi. Après tout ça je suis fatigué et je m’installe devant l’ordinateur et j’allume le bouzin. Le premier réflexe après que le bouzin soit allumé c’est d’aller voir dans sa boite Mail, on ne sait jamais ce qu’on peut y trouver, par exemple un contrat d’édition de Gallimard vous suppliant de signer avec un à valoir de 300 000 euros, enfin un mail sans importance tout à fait normal (pour moi). Bon, hier matin pas de nouvelle de Gallimard, je me dis, c’est pas grave ce sera pour demain, par contre il y a d’autres messages, le genre faites vous grossir le pénis, commandez du Viagra par pack de 28, franchement je me demande quelle perception ils ont de ma personne pour m’envoyer des fourbis pareils. Finalement je tombe sur ce message d’une amie qui se termine par : A PELUCHE…
Et là, patratas, je reste coi d’abasourdissement.
Quezako ?
What what is what that wants to say ?
Cosa significa ?
Was das bedeutet ?
Pourquoi me faire ça comme si je n’avais pas assez d’interrogations existentielles !
Pas de doute, je me dis : on me met à l’épreuve. Mais je suis un dur à cuire, je ne me démonte pas pour si peu, je suis une sommité de la rhétorique, n’est-ce pas moi qui ait inventé les expressions : mieux vaut un tien que trois perdus; clopin-clopant on arrive couci-couça et le fameux " la pierre d'achoppement de la pomme d'api part à vau-l’eau…"
Vaillamment, prenant mon courage en main des deux bras je ne me laisse pas démonter, je passe trois heures à chercher un anagramme à PELUCHE, je n’en trouve pas même si LECHECU aurait presque pu faire l’affaire sans ce put..n de P qui me fait ch..r ! Je passe ensuite l’après-midi à chasser l’éponyme, l’homonyme, l’antonomase, la prolepse. Rien ! Que dalle ! à bout de force j’entame la prétérition, vous savez cette figure de rhétorique par laquelle on attire l’attention sur une chose tout en déclarant ne pas vouloir en parler et là j’entrevois une lueur dans le soupirail de mon désespoir.
C’est un code ! Et un truc pareil, ça m’arrive à moi dans une journée parfaitement ordinaire ! En numérotant les lettres de PELUCHE dans l’ordre de l’alphabet cela donne : P = 15, E = 5, L = 11, U = 20, C = 3, H = 8.
Là-dessus, j’ai comme qui dirait une illumination, un flash dans les neurones : c’est simple, mon correspondant me donne les numéros du loto.
3 – 5 – 8 – 11 – 15 - 20, numéro complémentaire 5.
On a tort de croire que les autres vous veulent du mal, à force on risque de devenir parano. Voilà, je n’ai plus besoin d’attendre le mail de Gallimard, je me mets en grève illico. Vous êtes barjo ou quoi ? Vous ne croyez pas que je vais continuer à écrire cette rubrique pour Corsicapolar à 0,01€ du COD du verbe AVOIR alors que je vais gagner le gros lot du prochain loto !
* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage , Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae
Pas la peine de vous poser des questions. La chaleur d'août m'a rendu gaga et c'est tout...
Rédigé par : Denis | 12 août 2009 à 14:11