L’immonde dégradation des mots par Denis Blémont-Cerli
17 février 2009
On a tort de
ne pas plus prendre en compte la souffrance d’autrui - écrit Denis Blémont-Cerli qui change de look pour nos lectrices et nos e-lecteurs.
Ah, bien sûr
il y a les guerres, les tempêtes, les catastrophes naturelles, la crise, le CO2
à 600 ppm et sa Majesté qui discoure sans cesse pour aucun résultat… Mais dans
cet environnement effrayant, on oublie l’essentiel : le supplice des mots
se voyant dégradés de leur sens original.
Les exemples
foisonnent. Prenez par exemple le mot milliard, depuis la crise il est
complètement déshonoré, flétri, souillé, terni, galvaudé, avili. Bref, il nous
fait une dépression, il est dans ses trente sixièmes dessous, il se lamente
d’avoir déchu si bas que le million à côté fait nouveau riche dans la lutte des
classes pauvres.
Par malheur, l’indigent
milliard n’est pas tout seul à avoir chuté.
Vous vous
souvenez de l’heureux temps d’autrefois quand on disait de vous : il est
gentil. À cette époque bénie, c’était encore un compliment, cela voulait dire
que vous étiez quelqu’un de bien, attentif, serviable et même –pour la gent
féminine – le mot dérivait vers un possible face à face en aparté car on vous
trouvait un peu chou, croquignolet, mignard, mimi, et même trognon… Enfin tout
cela était plein de promesses, alors qu’aujourd’hui être traité de gentil est
devenu un affront.
Et
Blaireau ? vous y pensez au mot blaireau ? Souvenez-vous du célèbre
film des années 50 où un braconnier facétieux nommé Blaireau (Louis de Funès)
s’amusait à ridiculiser le garde champêtre Parju (Moustache). Tels Guignol et
le Gendarme du théâtre de marionnettes, Blaireau le malin était toujours
vainqueur. En ce temps-là, un blaireau était intelligent, rusé et débrouillard.
De nos jours c’est tout le contraire, blaireau est devenu péjoratif à
l’extrême, un synonyme d’abruti.
C’est grave…
Heureusement il arrive, au milieu de toutes ces épouvantables nouvelles qu’émerge
enfin un mot nouveau apte à nous réconcilier avec l’existence.
Toute la
presse en parle, il est capable à lui seul de réduire la crise à néant, de
régler la paix dans le monde et de vaincre les problèmes écologiques de six
milliards d’humains. Pensez-y si vous êtes en panne au milieu de l’autoroute, lorsque
vous toussez à cause du taux élevé d’ozone, pour éviter de voir Line Renaud
chez Drucker pour la dix millième fois ou quand les factures impayées et
l’huissier vous acculent au désespoir. Prononcez donc le mot salvateur et tout
va s’arranger dans l’instant.
Oh pardon, dans mon enthousiasme j’ai oublié de vous le donner…
Il y a peu, en 2007, ce mot magique s’épelait « S-A-R-K-O-Z-Y » mais récemment il a muté : à présent dite « O-B-A-M-A »…
* Retrouver Arlette Shleifer dans Trace, Figure, Passage , Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae
22h42.. Un illustre inconnu (que je nommerai J.M par mesure de précaution^^ : d'ailleurs "JM" en question précise que le "blaireau est resté en tête) appellera sous peu Denis la Malice. En tout cas, cher Denis, ta photo déchire grave!!!! ;-) Bravo!!
Le fils de J.M (et JM qui est tout juste à côté et acquiesce bassement^^)
Rédigé par : Joel et son fils | 09 avril 2009 à 22:45
Denis, toujours des problèmes avec tes cartouches. Prends du calibre "sanglier" c'est radical. michel
Rédigé par : michel | 21 février 2009 à 15:53
Bravo pour votre "pamphlet", quand à Sarko et les US: vaut mieux, oui, en rester aux bas maux..
Rédigé par : Christelle | 19 février 2009 à 22:43
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Cherche diluant pas cher qui n'attaque pas la peau.
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Rédigé par : denis | 17 février 2009 à 22:51
16 heures...
Je ne trouve pas les mots pour transcrire mon émotion devant l'oeuvre picturale réalisée par Denis sur lui-même. C'est un chef d'oeuvre du body art, un concept plus qu'un mot... Donc silence!
19 heures 15...
Je viens de recevoir un appel de Michel. Il paraît que Denis, complètement ivre, s'est endormi sur la maquette de la couverture de son prochain ouvrage. La peinture n'était pas sèche...
Bon! Denis, tu ne peux pas rester comme ça. J'espère que c'est de la peinture à l'eau et que tu n'auras pas besoin d'un dissolvant alcoolisé.
Rédigé par : Jean-Paul | 17 février 2009 à 19:17