Revenons au fondamentaux des libertés publiques ! par Jean-Paul Quidam
07 décembre 2008
Article 9: « Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi. »
Plusieurs opérations de police dénoncées comme étant des dérapages amènent à rappeler l’article 9 de la constitution des droits de l’homme et du citoyen.
Nous avons lu : « Une interpellation humiliante pour une simple affaire de diffamation. Vittorio de Filippis, ancien PDG de Libération, a passé son vendredi matin en compagnie de policiers et d'une juge à cause d'un commentaire laissé par un internaute en 2006 sur le site du quotidien. Perquisition, fouille, humiliation, insultes, le journaliste a tout subi et n'a pu contacter le moindre avocat » Concernant les conditions de cette interpellation, tous les policiers savent que les moyens coercitifs utilisés bien que légaux étaient disproportionnés dans la mesure où seule la responsabilité professionnelle de l’ancien PDG de Libé est mise en cause dans une diffamation dont il n’est pas l’auteur. Toutefois, les policiers n’ont pu intervenir que sur des instructions écrites d’un magistrat et l’intervention de la ministre de la justice laisse penser que ce magistrat avait l’accord de la chancellerie. Dans le cas contraire, ce magistrat semble avoir agi plus par autoritarisme que pour les nécessités de l’enquête.
Le 17 novembre, une intervention de gendarmerie dans un CFA (Centre de formation pour apprentis) révolte un professeur.Deux jours plus tard, une intervention similaire, dans une classe de 3ème au collège de Marciac cette fois, crée la polémique. Concernant l’opération gendarmesque dans un lycée du Gers et malgré l’accord éventuel de la direction de ce lycée, on est en droit de se demander si les gendarmes avaient des instructions d’un magistrat et dans quel cadre juridique ils ont pratiqué des fouilles à corps sur des mineurs. Il a été répondu que les gendarmes agissaient sur les ordres du Parquet dans le cadre d’une opération anti-drogue. Et l’Insepction d’Académie explique : "Dans le cas d'une opération de prévention, l'éducation nationale est évidemment directement concernée et prend une part active à l'organisation et la mise en plae des séances, avec les chefs d'établissements et les professeurs." Et pour un contrôle anti-drogue? "Un contrôle anti-drogue, comme c'était le cas le 19 novembre, est directement diligenté par le parquet. Les gendarmes exécutent alors les ordres du procureur." Et les fouilles corporelles? L’Inspecteur d’Acadamie ne s'exprime pas sur ce point. Si les fouilles sont demandées par le parquet, les gendarmes s'exécutent. Toutefois ce type d’opération pourrait être renouvelée avec plus de concertation avec les gendarmes "Désormais, ajoute l’Inspecteur d’Académie, chaque contrôle anti-drogue sera précédé d'une séance d'information auprès des élèves, des professeurs et du chef d'établissement »
De tels agissements avec des enfants, si on les banalise, fait de chacun de nous un suspect même si nous ne sommes visés par aucune enquête. Par ailleurs, si on en croit un document audio, un enseignant de ce lycée témoigne des conditions scandaleuses dans lesquelles cette opération s’est déroulée et du comportement indigne de certains gendarmes.
Allez ! Extrapolons ! Puisque tous les Corses sont des poseurs de bombes, pourquoi ne pas tous nous soumettre au flair des chiens qui détectent les traces d’explosifs ? Puisque les immigrés travaillent au noir, pourquoi ne pas prélever l’ADN de chaque supposé Français un peu trop bronzé ? … Et puis si on rétablissait la peine de mort ?
Les exemples récents dénoncés comme des dérapages policiers et judiciaires ne sont pas de nature à faciliter la tâche de l’ensemble des policiers respectueux de la légalité républicaine et portent le discrédit sur une fonction qui n’en a vraiment pas besoin. Le travail de la police est de s’attaquer aux trafiquants et non pas à des journalistes «responsables mais non coupables » ou à des enfants de 14 ans qui avaient le seul tort de ne pas avoir fait l’école buissonnière. Les méthodes employées sont d’un autre âge et ont une logique guérrière dont on connaît l’issue. Pour vaincre l’ennemi, il faut s’attaquer aussi à des innocents qui pourraient devenir des ennemis. Votre fils n’est ni un dealer, ni un drogué ! Si on lui fait peur, vous êtes assuré qu’il ne le sera jamais. Sur une radio, j’ai entendu un grand-père dire qu’il préférait voir son petit-fils contrôlé sur son banc d’écolier par des gendarmes que de penser qu’il pourrait se droguer. Imaginez que tous les parents, qui ont peur que leurs enfants tombent dans la drogue, demandent aux gendarmes de faire de telles opérations dans les écoles.
Par ailleurs, au moment où il est question de peines de prison pour les enfants à partir de 12 ans, rien n’est fait, au niveau de l’éducation nationale, pour créer des filières spécialisées destinées aux enfants violents et prédélinquants. On préfère les entasser dans des classes sous la responsabilité d’enseignants qui ont des compétences pédagogiques et non pas psychiatriques.
On préfère nous raconter des histoires et nous
persuader que les atteintes aux libertés et aux droits fondamentaux sont des
choix «du bon sens » et le bon sens est celui que l’on nous force à
prendre… celui d’une société policée acceptée.
Concernant l'acharnement de certains magistrats, et sans vouloir aucunement généraliser ni jeter l'opprobe sur une corporation qui mérite le plus grand respect, je me permets de rappeler (au cas où certains ne l'auraient pas encore lu) le dernier ouvrage de notre ami René Frégni : "Tu tomberas avec la nuit". On y mesure le désarroi d'un homme (presque) ordinaire face à un juge dont l'obstination aveugle frôle la perversité. Et il ne s'agit pas d'un roman !
Par ailleurs, si, comme nombre de citoyens, j'ai été scandalisé par les conditions de l'interpellation de Vittorio de Filippis, je n'ai pu m'empêcher de penser à tous ceux qui ne disposent pas des mêmes relais dans l'opinion, à tous les anonymes dont les cris ne seront amplifiés par aucun haut-parleur. A tous ceux qui n'ont d'autre recours que de se la fermer.
Rédigé par : Jean-Pierre Quidam | 11 décembre 2008 à 11:57
Si l'on en juge par votre français chancelant, Merelle, on s'inquiète surtout pour vos parents : s'ils ont consenti des sacrifices pour vous payer des études, ils doivent à présent être bourrelés de remords…
Précision pour votre édification (car il ne faut jamais désespérer) le "journaliste critiqueur" est un ancien policier. La sécurité des biens et des personnes n'est pas pour lui une formule toute faite lue dans Le Figaro chez le proctologue. A ce propos, je vous souhaite bon vent…
Rédigé par : Elisabeth | 10 décembre 2008 à 18:00
Bravo Merelle pour cette démonstration de force! ... C'est sûr qu'il faut en avoir dans le pantalon pour contrôler des gamins de 14 ans dans une classe et mettre ceux de 12 ans en prison... Mais, sans doute, préférez-vous que les policiers le fassent à votre place.
Rédigé par : Jean-Paul | 07 décembre 2008 à 23:52
-Encore un journaliste issue de mai 68. A force de tirer à boulets rouges sur le pianiste qui va assurer la sécurité des personnes et des biens dans notre pays?
Queles parents de ce critiqueur doivent avoir des regrets lorsqu'ils pensent qu'ils ont du faire des sacrifices pour lui payer des études, tout ca pour en faire un contestataire qui baffoue l'autorité de son pays. Il ferait mieux d'aller faire ses reportages dans les pays de l'Est et d'y vivre, au moins on pourrez savoir s'il en a dans le pantalon........
Rédigé par : merelle | 07 décembre 2008 à 22:58
Petit lapsus dans le texte mais le lecteur aura compris qu'il s'agit de l'article 9 de la "déclaration" ( et non pas constitution) des droits de l'homme qui vient en préambule de la constitution de 1958.
Rédigé par : Jean-Paul | 07 décembre 2008 à 09:40