Les auteurs viennent de Mars et les lecteurs de Venus (suite 6) par Denis Blémont-Cerli
02 décembre 2008
Aujourd’hui nous parlerons
du lecteur/victime, celui qui se laisse faire trop facilement. On le trouve
dans les salons où il vient par curiosité en s’étant sermonné avant sur
le fait qu’il n’achèterait rien. Hélas c’est la victime la
plus complaisante possible, aussitôt pénétré dans le marigot fatal, il se
laisse attraper au lasso par les auteurs/crocodiles qui le déchiquettent en
trois coups de gueule.
Vous voyiez ces fameuses scènes où les pauvres gnous
traversent la rivière durant la migration et où ils se font happer par les
crocodiles ? Et bien c’est exactement ça…
Amis lecteurs, fuyez l’auteur/crocodile, tout d’abord il accroche votre regard, ensuite il vous harponne par des paroles de miel alors que c’est un salopard de première. Votre seule chance ? Refusez de prendre en main le livre qu’il vous tend, sans quoi vous êtes foutu. Et nous aussi nous le sommes, je veux dire les auteurs honnêtes qui ne dissimulent pas des pièges ignobles pour vendre un livre. En vérité nous sommes victimes de ces malfaisants, à force d’agir ainsi ils découragent les lecteurs, font fuir vers des cieux plus cléments tout un lectorat de personnes trop gentilles n’ayant toujours pas compris le fonctionnement de la société où le crocodile guette sa proie puis la dévore sans état d’âme…
* Retrouver Michel Moretti dans Mal Chronique, Elèna Piacentini dans Elénarration, Thierry Venturini dans L'effet Venturini et Denis Blémont-Cerli dans Homo machinus sempre emmerdae
Ce qu'à écrit Eléna est si joliment dit mais notre ami Denis se rappelle certainement quelques (mauvais) souvenirs de l'été dernier à Ajaccio. je me demandais, très secrètement d'ailleurs, quand il allait en parler de ces fameux crocodiles. C'est vrai que celui-là, désolé si j'ai oublié le nom mais il se reconnaitra, avait une grande gueule. Il sont tous comme ça ces bestiaux, grande gueule. Pour le sac à main ou les bottines, comme le suggère si gentiment JPC, je suis d'accord. Deux ou trois clients appâts et on tire le monstre. Enfin de l'action ! Qui pourra prétendre que les salons littéraires sont chiants après ça ?
Mais comme je suis toujours en accord avec la loi, c'est quand l'ouverture ?
Rédigé par : Michel jacquet | 04 décembre 2008 à 22:37
Il y a aussi le lecteur sympa qui recherche les "petites maisons d'éditions", qui fouille loin des têtes de gondoles - ceux-là, ils les achètera peut-être quant ils sortiront en poche si des amis lui en disent du bien entre temps -
Il chine, des mots et des histoires qui sortent de l'ordinaire, sans idée préconçue de sa destination finale. Il ne cherche pas à trouver, il n'attend pas l'exceptionnel, il ne vise pas le faste, ne se laisse ni rebuter ni éblouir pas la couverture. Il sait juste que quelques fois, au hasard des pages, en laissant advenir, il peut y avoir un concentré d'émotions qui semble lui parler d'éternité, qui semble ne résonner qu'en lui. En poids de reconnaissance, celui là se pèse en carats.
Il ne faut pas l'attendre, pas plus qu'il ne faut chercher à attirer les autres - les crocodiles ne sont que des sacs à égo - mais quand on le croise, on lui dit merci avec les yeux, le coeur et le stylo.
Amitiés à tous.
Rédigé par : Eléna Piacentini | 02 décembre 2008 à 16:08
Que fait un crocodile qui voit un lecteur? Il "Lacoste"!... nous dit Denis. C'est l'arme du croqu'Odile!... Il sait dire merci, même en japonais: Aligato! Il fait son lit dans une mare mais est-ce que l'on se marre lorsqu'on le lit?...
Plus sérieusement... Il faut donner des noms! Des noms! Des noms!... Pour mettre l'ambiance dans les salons littéraires, on pourrait envisager une chasse aux crocodiles! On demande quelques gentils lecteurs pouvant servir d'appâts.
Rédigé par : Jean-Paul | 02 décembre 2008 à 14:22