La chjama du quidam par Jean-Paul Ceccaldi
09 décembre 2008
J’ai allumé ma lanterne. Je cherche un quidam, un
vrai , un quidam authentique…Quidam, c’est moi, c’est vous, c’est nous. Peu importe
qui parle, l’important est ce qui est dit.
S’adresser par écrit à des lecteurs éventuels en
donnant une opinion peut apparaître prétentieux lorsque l’on est un quidam ou
manipulateur si on est considéré comme pouvant prendre la parole. C’est en
quidam que j’écris et si mon avis ne vaut pas mieux que le vôtre, il ne vaut
peut-être pas moins. En partant de ce postulat, on pourrait établir sous la rubrique « Quidam »
un chjam’é rispondi…
Un « chjam’è
rispondi » est un exercice vocal ( debout, face à face, sans
accompagnement instrumental et en public). Il consiste en une libre
improvisation poétique très rythmée pratiquée par deux ou plusieurs poètes ,
sans critère d’âge ou de condition sociale, à l’occasion d’évènements publics :
fêtes, concours, foires, noces, tontes des brebis. Si la mélodie de départ du
Chjam’è rispondi est personnelle, le schéma musical repond, lui, à des règles
constantes ( mélodie pentatonique descendante, avec suspension sur le second
degré à la fin du premier vers, une fausse résolution à la fin du second vers,
et un final qui s’achève sur la tonique du troisième vert). Il n’y a pas de
thème imposé hors la poésie elle-même.
Nous n’imposerons pas la
poèsie sans l’exclure. Pour la rubrique
« Quidam », nous retiendrons du Chjam’é rispondi que le contenu
s’appuie couramment sur les débats de société qui sont de l’actualité proche ou
«l’air du temps ». La règle veut que, dans cette joute oratoire, l’on reste
d’une part toujours courtois (obligatoire) et pétillant d’esprit ( ici,
facultatif) et d’autre part que la
réponse (risponde) s’appuie sur le sujet de départ appelé , tel qu’il est
énoncé dans le premier couplet ( à chjama = l’appel).
A chjama : Aujourd’hui, je vais prendre
prosaïquement le risque de commenter la
rencontre entre Le Président Sarkozy et le Dalaï Lama. Ne voyez dans mes propos
aucun ostracisme ou racisme envers le peuple chinois.
Le président Sarkozy est poursuivi par la vindicte
chinoise jusqu’en Pologne pour avoir rencontré le Dalaï Lama en catimini dans
la cité hanséatique du Nord de la Pologne, où se déroulait une cérémonie
réunissant plusieurs Nobel de la Paix autour de Lech Walesa, ancien président
polonais et dirigeant historique du syndicat Solidarnosc.
« Cette rencontre est assurément peu judicieuse et blesse non seulement les sentiments des Chinois, mais mine aussi les relations sino-françaises », écrit Chine Nouvelle.
"Le gouvernement et le peuple chinois...
s'opposent fermement à tout contact d'un dirigeant étranger (avec le dalaï
lama) sous quelque forme que ce soit", poursuit-elle. "La partie
française, toutefois, sans tenir compte de la grave préoccupation de la Chine
et de la situation générale des relations sino-françaises, a pris une
initiative opportuniste, irréfléchie et à court terme pour traiter de la
question du Tibet", ajoute Chine Nouvelle.
Et qui plus est, la presse officielle chinoise
aurait traité le Président de la République française d’imbécile pour marquer
son mépris.
Pourquoi prendre cet exemple cuisant de
l’actualité ?
D’abord, il faut dire que les gens vindicatifs redoublent les coups sur celui qui a le ventre mou pour le faire
plier. Les autorités chinoises ont usé auparavant de l’argument de leur
puissance économique pour empêcher que cette rencontre se passe officiellement
en France. Ils agitent encore cette menace jusqu’à l’insulte. Il s’agit bien là
d’une stratégie qui consiste à menacer, avec arrogance, de représailles
économiques tous les dirigeants qui voudraient rencontrer ou ont reçu le Dalaï
Lama. Cela démontre qu’il ne sert à rien de ruser diplomatiquement avec des
régimes non démocratiques. La méthode des Chinois est la même que celles des
autorités turques dans la négation du génocide arménien, lorsqu’ils usent de
l’argument de leur force au Moyen-Orient et de leur importance stratégique pour menacer les pays du monde entier et
faire taire leurs dirigeants.
Alors, la question se repose sur les derniers jeux
olympiques organisés en Chine Fallait-il vraiment y aller ? Nous pensons
que non. C’était accepter le « Circulez ! Il n’y a rien à voir au
Tibet ! Affaire interne ! » … tout en donnant à la Chine le soin
d’organiser le plus grand rassemblement sportif et fraternel à l’échelon planétaire ? Des
sportifs de toutes les nationalités sont allés en Chine pour décrocher la lune
sans voir la nuit sur le Tibet.
A quoi cela à servi que le Président Sarkozy évite
de croiser à l’époque le Dalaï Lama ? A montrer un ventre mou sur la
question humanitaire du Tibet qu’il n’évoque d’ailleurs que de façon allusive.
Au-delà du problème chinois, c’est la grande
question de la sécurité des minorités dans le monde qui reste posée.
Après le génocide arménien, rien n’a changé. Après
la Shoah, rien n’a changé. Après le Cambodge, le Rwanda, Srébénica au cœur de l’Europe (symbole de la
honte de la communauté européenne) … rien n’a changé !
Main d’œuvre exploitée, matières premières, produits
à bas prix, stratégie militaire… pour des raisons hautement géopolitiques ou en
général bassement matérielles, les grandes puissances acceptent cyniquement que
des gens soient opprimés et massacrés sous des prétextes souvent raciaux et
religieux.
C’est en commençant par plier sous les menaces
telles que les pratiquent les autorités chinoises, turcs où autres, que l’on a
accepté les génocides d’hier, qu’on accepte ceux d’aujourd’hui et prépare ceux
de demain.
La Chine ! Le Darfour ! Le Tibet ! …
Et après ? La Russie ! La Tchétchénie ! La Géorgie !… Et
après ? … Les USA ! L’Irak ! …. Et après ? …
ONU, OTAN,
CEE, OUA (devenu UA)…. Des sigles ! Des institutions
internationales au sein desquelles Diogène de Sinope aurait pu se promener en
plein jour avec sa lanterne et répéter : « Je cherche un homme, un
vrai, un homme authentique ».
En remplaçant la lanterne par mon ordinateur,
j’attends de vous lire… votre opinion m’intéresse ! … Vous avez lu
« a chjama ». Maintenant c’est à vous !
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