Un pamphlet par Denis Blémont-Cerli
10 septembre 2008
Comment les
Partis antiflagorneurs s’en prirent au bon Prince Camille, au gueux Jacquouille,
à un coq en plâtre, et par ricochet à sa Divine Majesté, Nicolas le premier…
Le Prince Camille, l’illustrissime gouverneur de l'Isle de Corse, attentif à ne
point laisser son royaume dans un état de délabrement moyenâgeux, et las
de mendier des subsides à son bon maître de
Paris, Nicolas le premier, sa superbe majesté de l’Élysée, proclamée divin
maître des sujets du continent... Le Prince
Camille donc décida de changer son isle
à demi-sauvage et abandonnée en s’inspirant des travaux ayant été érigés dans
la Principauté de Monaco par le Prince Rainier. À cet endroit paradisiaque, on
ne trouve plus un seul pied de terre à l’état originel, on y a tout recouvert
par des agrégats que l’on appelle vulgairement béton et goudron, ainsi a t-on
planté pendant des décennies immeubles et routes afin de bâcher définitivement ces
ignobles choses du passé, arbres, prés, criques vierges, plages et autres campagnes
abandonnées où paissaient animaux stupides et bornés de paysans incultes.
Mais comme les
choses simples ne le sont qu’en apparence, aussitôt des partis adverses antiflagorneurs
se mêlèrent de la chose et s’évertuèrent à contrecarrer un si merveilleux projet
où notre bon Prince voulait affirmer son style si contemporain d’ensevelisseur
de l’odieuse nature. Ces gens-là avaient pris comme devise une sentence d’un
gueux rebelle nommé Albert Camus qui disait que la vérité de l’esclave vaut
mieux que les mensonges des puissants et ils en étaient d’autant plus
audacieux et intrépides.
Ayant eu vent du
projet nommé « Padduc » un galimatias concocté dans un hermétique
jargon propre à embrouiller l’esprit le plus vif, ils se mirent pourtant en la
caboche de le contrarier par les moyens les plus vils. C’est ainsi qu’ils
firent signer à quinze mille gueux et gens de basse extraction un de ces pamphlets
nouveaux et stupides inventés par les gazettes du peuple : une requête appelée
pétition… Et comme si cela ne suffisait point à mettre en courroux le bon
Prince Camille, un des partis antiflagorneurs extériorisa son indigne colère en
une action terrible et collective.
Cette valetaille
ayant appris qu’un protégé du précieux souverain de Paris avait bâti, dans une
enclave du bon prince Camille, une demeure pour ses délassements, ils s’y
précipitèrent en masse et s’en emparèrent sans coup férir. Aussitôt en terrain
conquis, ils jetèrent un coq ornemental de haute valeur dans le bassin aux bains
de la bâtisse et burent moult tonneaux de liqueurs se faisant servir de force
par la domesticité du lieu prise comme captive. Après avoir ripaillé, ils
quittèrent les lieux regagnant leurs masures non s’en avoir menacé d’y revenir
afin d’y recommencer leurs tourments si le projet du bon prince Camille était
mis à exécution. Par chance, le protégé de notre divin souverain, le gueux
Jacquouille devenu marquis de Clavier, se trouvait dans une de ses nombreuses autres
bâtisses et n’eut pas à subir directement cet affront à son honneur. Toutefois,
il en fut informé et entra en une vive irritation. C’était un homme né sans
blason mais dont l’ingénuité de courtisan né, avait fait la fortune.
Continuellement enclin à se glisser dans les rouages des feuilletons visuels pourvu
que cela lui apportât notoriété et pièces d’or, il avait réussi à force de
basses manœuvres à amadouer en sa faveur notre Avisé Souverain par sa science
des courbettes et des cajoleries et en s’inscrivant au LUMP, le divin parti du
divin monarque. C’est ainsi qu’issu de la plus basse extraction possible il
était parvenu à se faire titrer marquis de Clavier et à devenir hautement
influent à la cour. Son irritation fut si grande qu’il se précipita au château
de l’Élysée et n’eut de cesse d’obtenir réparation de son infortune auprès de
sa Divine Majesté.
Quand Nicolas le Premier eut pris connaissance de l’importance de l’humiliation faite au marquis, il entra dans un déchaînement d’irritabilité paroxystique pas tant pour la perte du coq ornemental de l’ancien gueux mais parce que cela contrariait le dessein ténébreux qu’il avait en commun avec le prince Camille : faire de l’isle de la Corse un éminent lieu de résidence pour la noblesse financière mondiale et rejeter les derniers assujettis corses dans les montagnes intérieures où on les garderait dans des réserves afin que les aristocrates des affaires néo libérales puissent les visiter et leur jeter quelques piécettes et ainsi les contenter de si peu pour qu’ils se tiennent placides et réjouis de leur sort. Le divin monarque fut secoué d’une de ses nervosités qui l’animaient comme un hoquet interminable et fit chuter sa très dispendieuse pendule de poignet, cadeau de la reine Carla. Cette mésaventure lui causa une autre secousse de désappointement lui qui affectionnait tant le clinquant qu’il ne s’aimait qu’entouré exclusivement des personnages les plus richissimes du royaume. Ne sachant que faire dans l’immédiateté, étant donné qu’il avait envoyé le gros de ses troupes dans un pays improbable du nom d’Afghanistan où elles s’étaient faites tailler une croupière dès leur arrivée, il se borna à hurler à son secrétaire Fillon qu’il voulait la peau du superintendant de la police sur l’Isle, un nommé Rossi, ce qu’il obtint dans l’instant.
Las, cette décision entraîna les méchantes gazettes du peuple à s’intéresser à cet embrouillamini de « Padduc » concocté par le prince Camille, le petit marquis Ange, chef de clan à Calvi et le chevalier Jérome de Pianottoli-Caldarellu. Ces méchants fouineurs s’aperçurent qu’une foultitude de terrains leur appartenant, deviendraient, grâce au « Padduc », de véritables mines d’or. Ce n’est pas tant que ces trois hauts personnages en avaient indubitablement besoin étant déjà bien fournis, mais un surcroît de fortune est toujours bienveillante à saisir, surtout en ces temps où chacun est si friand des carrosses de fer motorisés germaniques si dispendieux, tels les Porsche de Cayenne et les Wolks wagon des touaregs.
Nous verrons, dans
une narration à venir, comment le prince Camille obtint tout de même de son
assemblée, par d’habiles manœuvres dignes de Machiavel, la décision d’appliquer
le « Padduc » et ce que cela entraîna comme troubles dans l’isle de Corse…
À suivre...
NDLR: PAMPHLET, subst. masc.
Court écrit satirique, souvent politique, d'un ton violent, qui défend
une cause, se moque, critique ou calomnie quelqu'un ou quelque chose. (Source : Le Trésor de la Langue Française Informatisé )
sire Denis, par votre verve vous me décapâtes la méninge et m'ouvrites l'entendement d'une claire vision. Soyez bénible plus avant. Recevez mon humble salut.
Rédigé par : michel | 12 septembre 2008 à 09:01
En cetui temps, qui fut la saison des vendanges au commencement d’automne, les bergers de la contrée étaient à garder les vignes, et empêcher que les étourneaux ne mangent les raisins.
Auquel temps, les Padduciers passaient le grand carroi, menant dix ou douze charges législatives. Les dits bergers les requirent courtoisement leur en bailler pour leur argent, au prix du marché.
A leur requête ne furent aucunement enclinés les Padduciers, mais, que pis est, les outragèrent grandement, les appelant brèche-dents, plaisants rousseaux, fainéants, rien-ne-vaut, rustres, malotrus et autres telles épithètes diffamatoires, ajoutant que point à eux n’appartenait le sable , mais qu’ils devaient se contenter de la pierre des montagnes.
Auquel outrage un d’entre eux, bien honnête homme de sa personne, et notable bachelier ajouta : « Depuis quand avez-vous pris cornes, qu’êtes tant rogues devenus ? Quand vous veniez ici vendre vos pâturages, desquels vous faites broccciu et fromages , il aurait fallu que nous eussions donné de nos sous pour rien ?
Le grand bâtonnier de la confrérie des Padduciers ajouta : « Vraiment, vous estes bien acrêtés: vous mangeâtes hier soir trop de farine de châtaigne."
« Holos ! Holos ! dit un berger… qu’est ceci, bonnes gens ? Songé-je ou si vrai est ce qu’on me dit ? Métropole, mon ami ancien de tout temps, de toute race et alliance, me vient-il assaillir ? Qui le meut ? Qui le point ? Qui le conduit ? Qui l’a ainsi conseillé ? Ho ! ho ! ho ! ho ! ho ! mon Dieu, mon Sauveur, aide-moi, inspire-moi, conseille-moi à ce qu’est de faire !... Vous me donnez. Quoi ? Un beau et ample bréviaire. Vrai bis ! Je vous en remercie : ce sera le moins de mon plus. Je ne pensais certes pas que ce fût un tel bréviaire, en en voyant la réglure, la rose, les fermoirs, la reliure et la couverture dont je n’ai pas oublié de considérer les crochets et les pies peintes au-dessus et semées en fort belle ordonnance. Par elles, comme si c’étaient des lettres hiéroglyphiques, vous dites facilement qu’il n’est ouvrage que de maîtres pour certaine joyeuseté extraite par métaphore du prodige qui arrivera aux Corses avec votre Padduc. Des contrées lointaines, volèront un grand nombre de pies, tirant vers la Corse. Des pies voleuses. »
Rédigé par : Canistrelli, le ménestrel corse | 10 septembre 2008 à 13:26
Pour plagier Rabelais...
Amis lecteurs, qui ce Pamphlet lisez,
Despouillez vous de toute affection;
Et, le lisant, ne vous scandalisez:
Il ne contient mal ne infection.
Vray est qu'icy peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire;
Aultre argument ne peut mon cueur elire,
Voyant le dueil qui vous mine et consomme :
Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que rire est le propre de l'homme.
Et nous poursuivrons les propos de Denis par une réplique légèrement modifiée d'Albine dans Britannicus de Racine:
S'il est ingrat, madame ? Ah ! toute sa conduite
Marque dans son devoir une âme trop instruite.
Depuis presque deux ans, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait
Qui ne promette à la France un empereur parfait ?
France, depuis près de deux ans, par ses soins gouvernée,
Au temps de ses consuls croit être retournée ;
Il la gouverne en père. Enfin, Néron naissant
A toutes les vertus de Camlille et consorts vieillissant.
Rédigé par : PADUP | 10 septembre 2008 à 11:06