Cinquante ans, le spleen… par Denis Blémont-Cerli
24 août 2008
Un demi-siècle et des
broutilles… Je me souviens, on m’avait demandé ce que je voulais
pour mon anniversaire. J’ai répondu du cyanure. J’aurai pu demander
un cercueil en bois de chêne, mais je veux être incinéré, ce serait dommage de
brûler une belle caisse comme ça.
C’est l’âge maudit où ses parents
sont partis pour un logis où le contrat de location s’appelle concession,
j’évite de penser à eux parce que ça fait toujours mal, mais c’est
difficile, il n’y a guère de fentes dans mon passé où ils ne sont pas
présents. Quand on perd ses parents la vie ressemble aux chutes du Niagara,
tout gicle de partout, vos yeux et votre passé qui coule sans fin. Après on
voit des fantômes, on croit les entendre, on scrute la glace pour les
apercevoir dire : « coucou, je suis là, t’inquiètes pas,
c’est cool là où je suis ».
Nos enfants nous
prennent pour des vieux schtroumpfs, manque que la peinture bleue, les maisons
deviennent silencieuses. Au boulot, c’est un peu pareil, mais en plus
cruel, les nouveaux n’ont qu’une hâte : vous voir débarrasser
le plancher, au besoin par une petite crise cardiaque. Ils disent qu’on
est largué et ils ont raison. Nous, on a pris la révolution informatique dans
la poire alors qu’eux sont nés dedans la poire. Il faut leur pardonner de
nous mépriser, ils ne savent pas ce qu’ils font comme disait
l’autre. L’informatique pour nous c’est du braille sur un
écran plat, eux ils ont été nourris au sein de la console Game
boy.
À cinquante ans, on est
pâteux de partout, le ventre bâille, les joues commencent un long travail de
déliquescence vers le bas et pour éviter la descente d’organe, il
faudrait marcher sur les mains. À cinquante ans on regarde par la fenêtre le
panorama qui défile, on se voit dans le reflet de la vitre et on pousse une
exclamation désolante : putain la gueule du type !
Le matin on se désole,
j’ai dormi ou pas ? Si j’ai dormi alors cela ne sert plus à
rien, je suis autant crevé le matin que le soir ! Le froid me dérange, le
soleil est trop fort, la nuit trop longue et c’était mieux avant et
patati et patata…
Avant les femmes nous
regardaient parfois, maintenant tu passes à côté et c’est comme si tu
étais invisible, elles ne lèvent pas la tête, ne remarquent rien et ces
instants durent une éternité tellement ils font mal.
Oh bon sang, manquerait
plus qu’on est soixante ans un jour ! Dis, le temps, tu peux pas
freiner un peu, sale con !
Mais de toute façon,
aujourd’hui il n’y a qu’un mot de huit lettres qui fasse rêver
: JEUNESSE…
Le webmaster a une chronique sous le coude mais il ne veut pas la mettre car j'y suis trés méchant...
Rédigé par : Denis à son vieil ami... | 28 août 2008 à 23:30
Comme vous les véritables humains, j’ai une trajectoire et malgré que je ne fusse qu’un auteur de seconde zone, qu’elle différence voyiez-vous avec un auteur de première ? Tout comme moi, il va ramer devant la feuille blanche, souffrir de l’absence d’idée, il va hurler sa peur de ne plus avoir d’imagination. Quelle différence avec un auteur Gallimard ? La raison, la pensée, l’idée d’être soi et de se reconnaître dans un magazine ? Rien de tout cela en vérité. Tout comme vous, les auteurs de seconde zone sont jetés sans conscience et sans savoir pourquoi dans le grand bain des mots. Chaque jour le cerveau a ses mêmes exigences auxquelles il faut céder impérativement sous peine de l’endommager et de ne pas remplir son quota de pages.
Donc, vous l’avez compris, cher vieil ami, je suis sur un projet et je rame tant que je vais réutiliser ces phrases…. Nia !
Rédigé par : Denis à son vieil ami... | 28 août 2008 à 23:27
Alors Denis, tu es parti en suisse avec Paulette ou quoi?
Et l'ami Moretti, il s'est perdu dans le triangle des Bermudes à la recherche de l'Atlantide?
Le Webmaster passe son temps dans sa piscine à rêver qu'il est à la retraite.
C'est bientôt la rentrée scolaire et la sortie solaire. Il faut vous remettre au boulot...
Sans vous, on ne sait plus quoi penser. On s'interroge sur la Géorgie, la taxe sur les revenus des péchés capitaux, les jeux olympiques de le rentrée littéraire, la présidence européenne et l'OTAN qui passe ( Ô tempora! Ô mores...), la couleur du cheval blanc de Sarko, le temps qu'il faut au fût d'un canon pour refroidir en Afghanistan et en Irak...
Denis, notre pote âgé, cultive-t-il son jardin sans OGM? Ecrit-il le livre d'une génération, le roman fleuve de la ménagère de cinquante ans? A savoir?...
Rédigé par : Le vieil ami | 28 août 2008 à 12:11
Denis, tu semblais sur la bonne voie en faisant croire que , dans ta vie, ru as eu au moins une fois de la chance et que ta pudeur de pauvre t'avait fait goûter les plaisirs du nouveau riche: trahison, avarice, cynisme...
Un compte en Suisse, dis-tu, toi qui n'y a jamais foutu les pieds et qui croit encore que la spécialité helvète est le Petit Suisse Gervais. Quel piège grossier cette invention de Loto partagé avec un vieil ami à qui tu demandes de s'identifier!...
Non, Denis! Tu ne connaîtras jamais les joies du cynisme, de la méchanceté, de la malhonnêteté... Tu es déjà trop vieux pour être un con qui s'adore.
Je ne daignerai pas m'identifier trop vexé que tu m'es oublié avec tout le bien que je te fais.
Rédigé par : Un vieil ami de Denis | 25 août 2008 à 00:32
que mon vieil ami daigne d'identifier, je viens de me souvenir du code secret de mon compte en Suisse après le loto que nous avions gagné ensemble et sur lequel, par pudeur de pauvre, j'avais tout gardé...
Rédigé par : Denis à son vieil ami... | 24 août 2008 à 23:34
Mon vieux, il faut savoir vieillir avec grâce. La jeunesse est une maladie dont tu es guéri. Il ne faut pas te lamenter. Tu n'es pas si vieux que tu ne le parais. Tu devrais rentrer ton ventre, bomber le torse, enfiler un slip avec des renforts pour ton galbe fessier et surtout enlever tes lunettes avant de te regarder dans un miroir.
Pour les filles, sors ton carnet de chèques! Sois généreux avec ta pension de retraite! Tes soixante ans? Tu pourras peut-être dans un avenir proche vérifier que dans le mot sexagénaire, il y a du sexe, si tu as encore des envies en te souvenant pourquoi. Ce n'est pas grave et tu éviteras ainsi toute désillusion.
Si, en plus de ton coup de vieux, tu as un coup de spleen, je dis cela pour te remonter le moral. Tu sais que tu peux compter sur mon amitié comme au bon vieux temps lorsque je t'ai conseillé de divorcer, de vendre tous tes biens et de me confier ton argent pour le faire fructifier. Si nos actions en bourse avaient tenu leurs promesses, nous serions riches. Malheureusement, mon pauvre Denis (Pauvre, on peut le dire maintenant), tu portes la poisse et il faut être un ami comme moi pour aujourd'hui encore te réconforter...
Rédigé par : Un vieil ami de Denis | 24 août 2008 à 23:00