Un tabou de l'édition : le tsunami annuel du pilon par Denis Blémont-Cerli
26 juillet 2008
Dans son roman
« Une trop bruyante solitude », Bohumil Hrabal, écrivain tchèque raconte l’histoire de Hanta,
ouvrier dans une entreprise de pilon qui tente d’atténuer sa culpabilité
en ramenant à son domicile un maximum de livres qu’il aura sauvés ainsi de
la mort.
C’est un sujet
tabou que les maisons d’édition avouent très malaisément : en
France, tous les ans, presque un quart des livres publiés passent au pilon,
c’est à dire plus de cent millions d’exemplaires.
Oui, vous avez bien lu,
plus de cent millions pilonnés !
Tout d’abord, il
s’agit des formats poches qui sont programmés au « pilon automatique
sur retour ». Pour les autres formats, cela dépend mais seuls les très
beaux livres sont épargnés.
Pourquoi ?
– Parce que
détruire les livres est moins dispendieux que de les stocker, tout simplement.
Pourquoi alors ne pas
les donner ?
– Afin de ne pas
déstabiliser la filière entière du livre, à cause de la crainte de la création
d’un marché parallèle, à cause du coût des transports et aussi parce qu’il
est plus facile de pilonner.
Pourquoi autant
d’invendus, ne serait-il pas plus sage de tirer moins d’exemplaires
et de faire des prix bas dès le départ ?
– Un premier
tirage important permet d’abaisser le coût unitaire du livre dans des
proportions parfaitement considérables, l’éditeur fait toujours un pari
et, hélas, il se trompe souvent. De plus, la filière du livre aborde une crise
grave. De moins de moins de lecteurs avec un pouvoir d’achat en berne et,
en face, une course effrénée à la nouveauté, une rentrée littéraire à plus de
700 nouveautés avec quelques élus, parfois un seul. Quand Littell
vend 400000 Bienveillantes à 23€ pièces, tous les autres livres de la
rentrée s’écroulent. (Pour l’anecdote, on sait à présent que Gallimard,
dépassé par les ventes d’un livre qui avait été tiré au départ à 8000
exemplaires, a été dans l’obligation d'utiliser le papier prévu pour
Harry Potter afin réimprimer les Bienveillantes.)
On ne peut
qu’être ému par cet effrayant gaspillage, des millions de personnes trop
pauvres sont privés de lecture et, comme à notre habitude, nous gaspillons sans
compter.
Ne pourrions-nous pas
en en sauver au moins un petit pourcentage pour les pays de la francophonie qui
n’ont pas nos possibilités financières ?
Défenseurs de la littérature et des livres, pensez, avant de tirer la chasse, à faire une minute de silence à la mémoire de tous ces ouvrages qui, après le pilon, deviennent du papier hygiénique.
Sachez qu'il existe le recyclage du papier. La littérature est une dévoreuse de forêts et, grâce au pilon, les oiseaux évitent la pénurie de logements.
Seuls le W.C et le feu nuisent aux livres et aux arbres... Si vous en avez le temps, je vous conseille de relire Rabelais et vous trouverez dans une de ses écrits mille façons de se torcher autrement qu'avec du papier. Quel est ce chef d'oeuvre?
Le premier ( ou première) qui répondra, gagnera à être connu. En outre, il (elle) pourra procéder à un dépôt fécal dans les WC de la Bibliothèque Nationale de France.
Rédigé par : Walter Closet | 26 juillet 2008 à 19:30
donnez-moi les, ces livres, et je vous vends tout en deux temps trois mouvements, poï poï poï...
Rédigé par : Mr Bensoussan du sentier | 26 juillet 2008 à 09:45