Le levier afghan par Michel Moretti *
31 mars 2008
Petite leçon
de physique historique: le levier afghan. Où comment appliquer une force
en pure perte.
Prenez un massif montagneux au cœur de
l’Asie centrale. Prenez des tribus alentour qui rêvent de le contrôler depuis
toujours. Prenez des peuples proches et lointains qui ont la même obsession.
Imaginez un seigneur local contrôlant une vallée. Imaginez un chef de guerre
attaquant le précédent. Imaginez le voisin préparant sa prochaine invasion. On
fait la queue, kalachnikov à la main… Tant qu’il y aura des hommes, il y
aura des Afghans !
Question : comment mettre les Afghans d’accord
? (La question pertinente serait : les Afghans cherchent-ils à être d’accord ?)
Néanmoins réfléchissons à cette proposition naïve et intéressée. Une seule
solution, efficace : introduire des troupes étrangères. Alors miracle,
tous les Afghans se retournent contre le kafir, le mécréant et
continuent de se battre entre eux. Le pied, la guerre ajoutée à la guerre.
Le Russe a essayé de raser les
montagnes en les bombardant. L’Américain aussi à la recherche de la « caverne
de Ben Laden » et du
mollah Omar (borgne échappé en Vespa). L’Anglais nostalgique qui en avait déjà
goûté au XIX° siècle en reprend une goutte. Fort de son expérience du djebel et
du gourbi, le Français a entrepris d’apprendre aux moujahidins ravis à se
servir d’armes plus sophistiquées et « d’assimiler »
l’art subtil de la guerre à l’occidentale. Pendant ce temps madame rêve sous
sa burka d‘un monde impensable.
Aveuglé par sa clairvoyance, notre président-en-chef
qui a dégusté ses saucisses ketchup avec Bush, a tout compris, plus il y aura
de soldats français en Afghanistan plus les Afghans trouveront un sens à leur
vie. Et nous on comptera nos morts et nos sous.
NDLR : le levier afghan n’aboie pas.
* Retrouver Michel Moretti dans Mal Chronique
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