Melville
jugeait le roman de José Giovanni inadaptable et se vantait d’avoir
fait œuvre originale au cinéma. Pas plus chez Melville que chez
Corneau, les truands ne ressemblent à ceux d’hier et d’aujourd’hui. Le
code d’honneur, la parole donnée et la loi du silence font partie de la
mythologie des voyous inventée par des auteurs comme José Giovanni. Au
noir et blanc de l’épure chez Melville dont le film a été tourné en
plein jour, Corneau a préféré, avec la couleur, des ambiances
nocturnes. Les impacts de balles et les éclaboussures rouges, à 120
secondes par minute, ont donné au Second souffle des poumons haletants
de cinéastes coréens ou chinois.
Je suis de l’avis d’Ugo, le résultat
déçoit. On reste étranger au drame inexorable , à la fatalité (fatum)
qui a posé ses griffes sur le héros Gu Manda. Son sort est pourtant
scellé depuis le début. Bien que Corneau dit avoir voulu faire un
retour sur le roman, plus qu’un remake du film de Melville, c’est ce
côté « tragédie antique » qui m’avait frappé à la lecture du livre. Le
film de Corneau, pour moi, passe à côté. Pourtant le réalisateur avait
déclaré à propos du livre : Il contient une mécanique tragique
absolument parfaite et qui se déclenche dès le début.
Malgré les couleurs, nous avons assisté au crépuscule des belles
gueules du Milieu. Depuis la dernière guerre, il y a eu, entre autres
films, L62 de Tavernier ou Romanzo criminale dont Ariel Zeitoun semble
s’être inspiré pour « Le dernier gang ». Il faut le dire : le borsalino
et le pardessus sombre sont au bout du rouleau.
J’ai lu quelque part que Corneau était un grand admirateur de Sam
Peckinpah, qui fut assistant de José Giovanni puis le réalisateur
notamment de « La Horde sauvage».
En ce qui concerne le casting, il n'y a pas que du négatif. Daniel
Auteuil s’en tire bien sans tirer la bourre à Lino Ventura. Michel
Blanc joue le commissaire Blot qui cacahe ses fêlure sous sa carapace
de flic. Dutronc est impeccable en Dandy délinquant. Gilbert Melky est
un affreux réussi et Eric Cantona nature.