En position de missionnaires
12 septembre 2007
Entre balcon marseillais et semaine noire, les ambassadeurs de Corsicapolar ne vont pas chômer dans les jours qui viennent. A Marseille, Jean-Pierre Orsi et Jean-Paul Ceccaldi ne sont pas vraiment en terra incognitae. Nos vaillants et courageux dragulinu vont poursuivre le tissage des liens entre les différents auteurs de Méditerranée dont la cartographie est désormais bien engagée. Une carte interactive, sinon rien !
Selon la légende, le nom de la position du missionnaire est lié à son conseil lors de l'évangélisation de certaines peuplades. C'est également, selon diverses Églises, la position la plus favorable à la procréation (cette affirmation est cependant contestée par les scientifiques). Elle était donc scrupuleusement conseillée par des missionnaires protestants qui évangélisaient le sud du Pacifique. Les indigènes ayant remarqué ceci, l'expression est restée.
Pour ceux qui ne connaissent même pas la position du missionnaire, je leur propose de chercher et d’admirer le « Dessin érotique de Édouard-Henri Avril ». Les humains sont les seuls à la pratiquer… avec certains singes comme les bonobos ! Mais il faut dire que ces primates connaissent aussi le baiser profond sur la bouche ! Non, nous n'avons même pas le monopole !
Toutefois, ni Jean-Paul ni Jean-Pierre n’ont l’intention de procréer à Marseille pour la gloire de Corsicapolar… bien que les indigènes marseillaises méritent au moins l’intégralité du Kama-Soutra ! Il existe d’ailleurs une position voisine dite « du bateau ivre » mais cela n’aurait rien à voir avec Rimbaud et la SNCM…
Nous voulons bien croire que notre ami Ugo n’ait mis aucune malice dans son titre ambigü et cela me rappelle un article anecdotique :
« Les Européens, ils n’aiment pas cette position du missionnaire, alors que Blair, lui, il est très à l’aise avec cette position»
A lire cette seule phrase, traduite de l’anglais (en différé, il convient de le préciser), ceux qui ignorent la pudibonderie verbale des Anglo-saxons, lorsqu’ils s’expriment en public sur des personnages publics, penseront sûrement que, par cette expression, l’interviewé faisait allusion aux pratiques sexuelles de Tony. Shocking, isn’t ? Dieu merci, ce n’était pas le cas.
Quoique je n’aie pas prêté attention au contexte, ni entendu la phrase en anglais, je ne doute pas un instant que le spécialiste interrogé par l’équipe de Thuillier ait utilisé l’expression bien connue, «missionary position», qui, en l’occurrence, n’avait rien à voir avec l’une des positions décrites par le Kamasoutra. Si le traducteur ou la traductrice de l’équipe de Thuillier avaient fait preuve d’un plus de maîtrise de la langue anglaise et de sens du contexte, ils auraient correctement rendu cette expression par la tournure française - sans ambiguïté, elle - d’«attitude missionnaire», ou, à la rigueur, de «position missionnaire» - et non par celle - coquine autant que grivoise -de «position DU missionnaire».
En effet, par un de ces hasards malicieux de l’histoire des langues, l’expression anglaise "missionary position" désigne aussi bien la position la plus classique de l’accouplement humain, que l’attitude missionnaire de certains dévôts - qu’ils soient simples fidèles, clercs, ou dirigeants politiques. En témoignent les titres suivants, parmi des centaines d’autres :
* "George W. Bush & the missionary position".
* "The missionary position: NGOs and development in Africa".
* "The Missionary Position: Mother Teresa in Theory and Practice".
* "Meet the Mormons: ’God’s Army’ explores missionary life"
C’est finalement l’occasion de proposer un polar : La position du missionnaire écrit par Jean-Paul Jody, ed. Les contrebandiers (2004)
Présentation de l'éditeur : Ancien enquêteur d’assurance, Kinscoff est mandaté par une jeune femme pour retrouver Aimé, un Noir qui se cache dans Bruxelles. Mais il n’est pas seul à chercher Aimé. Un officier de renseignement de l’armée belge est aussi sur sa piste. Ainsi que deux mercenaires, lancés à ses trousses depuis les forêts du Congo. Et les morts violentes commencent à pleuvoir. De quel sanglant forfait Aimé est-il le témoin, l’auteur ou la victime ? Eglise catholique, armée française, ONU, services américains, compagnies minières internationales, mercenaires… Derrière le génocide du Rwanda et les millions de morts du Congo, qui orchestre le murmure des machettes ? "La position du missionnaire" est l’autopsie remarquablement documentée d’un conflit africain qui pourrait bien se reproduire ailleurs.
Rédigé par : Jean-Paul | 12 septembre 2007 à 23:13